Egypte : le traitement médiatique de la mort de Mohamed Morsi complètement étouffé

Le décès de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi a à peine été évoqué par la presse du pays, qui s’est contentée de reprendre un communiqué officiel. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ce contrôle total des autorités sur la couverture d’un événement pourtant majeur de la vie politique.

A l’annonce de la mort du président déchu Mohamed Morsi le 17 juin, les médias égyptiens ont en grande majorité relayé le même communiqué de 42 mots, sans même mentionner sa qualité d’ancien chef d’Etat.


Selon le média en ligne Mada Masr, qui cite une source anonyme, ce communiqué a été envoyé sur Whatsapp à tous les médias par une “entité gouvernementale” accompagné de la consigne de l’inclure dans les pages intérieures, et non en Une. Cette pratique est, d’après cette même source, de plus en plus courante pour dicter à la presse la couverture d’un événement.


“Les autorités égyptiennes doivent laisser davantage de liberté aux médias et faire preuve d’une plus grande ouverture dans le traitement journalistique de la vie politique plutôt que de chercher à verrouiller le débat et minimiser la diffusion”, estime le bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF).


L’un des rares médias ayant développé l’information et employé ses propres formulations est le journal Al-Masry Al-Youm. Dans un article, le journaliste Soliman Gouda déplore la pauvreté de cette couverture et juge qu’elle prive les égyptiens d'une information pourtant essentielle.


En Egypte, la loi antiterroriste de 2015 oblige les journalistes à reprendre la version officielle des attentats. Renversé en 2013 par l’armée, Mohamed Morsi était lui-même issu des Frères musulmans, reconnus en Egypte comme une organisation terroriste. Dans le Classement mondial de la liberté de la presse de 2019, l’Egypte occupe la 163e place.

Publié le
Updated on 21.06.2019