Egypte : Enlevé il y a un mois par les forces de sécurité, le journaliste Khaled Mamdouh doit être libéré

Le journaliste Khaled Mamdouh a été placé en détention provisoire le 21 juillet, accusé d’appartenir à un groupe terroriste et de diffuser des fausses informations. Il avait été enlevé à son domicile le 16 juillet. Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate et l’abandon des accusations infondées qui pèsent contre lui.

Quatre jours se sont écoulés entre l’enlèvement par les forces de sécurité de Khaled Mamdouh, à son domicile du Caire où il se trouvait avec sa famille le 16 juillet, et la date officielle de son arrestation, le 20. Cette méthode d’interpellation fait partie de l’arsenal de la répression de la Sécurité d’État, l’agence du ministère de l’Intérieur, utilisée régulièrement contre les journalistes et voix critiques. 

Le lendemain, le 21 juillet, le Procureur de la Sûreté de l’État, le parquet antiterroriste fer de lance de l’incarcération des voix critiques du régime, plaçait le journaliste du site Arabic Post en détention provisoire pour quinze jours, l’accusant, sans fournir de preuves, de financer et d’appartenir à un groupe terroriste, ainsi que de diffuser des fausses informations. 

Cette incarcération préventive a depuis été renouvelée pour deux semaines supplémentaires le 29 juillet puis le 12 août. Sans date fixée pour une audience ni pièce du dossier fournie à la défense du journaliste, sa détention provisoire risque fort d’être prolongée de nouveau avant la fin du mois.

Khaled Mamdouh a disparu quatre jours entre les mains des forces de sécurité pour ensuite réapparaître devant un juge antiterroriste qui a accusé ce professionnel reconnu sans aucun fondement et l’a placé en détention provisoire, déjà renouvelée à deux reprises. Cette méthode d’emprisonnement sans procès est systématiquement utilisée par les autorités égyptiennes contre les journalistes critiques du régime du président Abdel Fattah al-Sissi. Cette répression doit cesser et Khaled Mamdouh doit être libéré sur-le-champ, acquitté des chefs d’accusation fallacieux qui le visent ! Les partenaires étrangers de l’Égypte doivent faire pression sur les autorités pour que les journalistes puissent travailler librement dans le pays. 

Jonathan Dagher
Responsable du Bureau Moyen-Orient de RSF

Journaliste chevronné de 55 ans, Khaled Mamdouh a travaillé pendant près de 18 ans pour les chaînes du groupe Middle East Broadcasting Center (MBC). Depuis le début de sa carrière, il couvre une grande variété de sujets de la géopolitique à l’actualité sportive, selon les informations de RSF. Il a également travaillé comme présentateur pour la station de radio publique égyptienne et pour divers autres médias, notamment le site d'information en ligne Arabic Post.  

Six des 16 autres professionnels des médias actuellement emprisonnés en Égypte ont également disparu pendant plusieurs jours avant de réapparaître derrière les barreaux. Avant Khaled Mamdouh, le dernier en date était le caricaturiste Ashraf Omar, arrêté à son domicile dans la nuit du 21 au 22 juillet. Selon le procédé employé contre Khaled Mamdouh, il a ensuite comparu devant le Procureur de la Sûreté de l’État, accusé de diffuser des fausses informations puis placé en détention provisoire pour quinze jours, déjà renouvelée le 5 août.

Maintenus derrière les barreaux sans procès

Le renouvellement des périodes de détention provisoire permet aux juges égyptiens de garder des journalistes derrière les barreaux sans procès. Normalement limitées à deux ans, ces incarcérations temporaires dépassent parfois le délai légal, comme dans le cas du journaliste Tawfik Ghanem, ancien rédacteur en chef du site d’information Islam Online et directeur du bureau local de l’agence de presse turque Anadolu de 2013 à 2015, emprisonné sans procès depuis plus de trois ans.

Au moins neuf des 17 journalistes incarcérés en Égypte se trouvent en détention provisoire. L'Égypte figure tout en bas du Classement RSF 2024 de la liberté de la presse dans le monde, à là 170e place sur 180 pays, et représente l’un des régimes les plus durs contre les médias et les journalistes.

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