Egypte : deux journalistes en détention après une disparition forcée

​En Egypte, deux journalistes ont disparu dans des circonstances similaires en l’espace de deux semaines, avant de finalement réapparaître devant une cour de justice et d’être placés en détention provisoire. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un traitement des journalistes inacceptable, au mépris du droit international.

Il est le premier journaliste égyptien à avoir été victime d’une disparition forcée en 2021. Arrêté le 4 janvier à son domicile par les forces de l’ordre, le photographe indépendant Hamdy Al-Zaeem n’est réapparu que 12 jours plus tard devant la Haute Cour de sûreté de l’Etat du Caire, qui l’a placé en détention provisoire pour “diffusion de fausses nouvelles” et “appartenance à un groupe terroriste”.


Selon l’Arab Network for Human Rights and Information, le photographe se trouverait aujourd’hui en isolement à l’hôpital Abassya Chest Diseases. Il présenterait des symptômes de la Covid-19,  mais aucun test n’a été réalisé pour vérifier son état. Bien que diabétique, il n’aurait pas reçu non plus les traitements dont il a besoin. Sa santé se serait fortement dégradée, au point de mettre sa vie en danger


Hamdy Al-Zaeem avait déjà été emprisonné en 2016 pour “appartenance à un groupe terroriste”, “diffusion de fausses nouvelles”, “atteinte à la sécurité de l'Etat'' et “appels à manifester sans autorisation”. Libéré en juin 2018, il avait été placé sous surveillance judiciaire. Ne pouvant en théorie pas dépasser deux ans, cette libération conditionnelle avait été prolongée illégalement par la Cour d’assises du Caire, et ce jusqu’à nouvel ordre.


Un autre journaliste, Ahmed Khalifa, a disparu le 6 janvier. Selon le site internet Masr360, pour lequel il travaille en tant que spécialiste des affaires sociales, ses proches ont perdu sa trace après qu’il se soit rendu à une convocation du bureau de la sécurité intérieure du gouvernorat de Fayoum (centre du pays), où il réside. Lui aussi n’est réapparu que le 19 janvier dernier, devant le même tribunal que Hamdy Al-Zaeem, où il a fait l’objet des mêmes accusations que son confrère.  La police a nié l’avoir détenu, selon une avocate, Yasmine Hossam, qui a témoigné sur sa page Facebook. Ahmed Khalifa avait récemment rédigé des articles sur les nombreuses protestations concernant les retards de versement des salaires de certaines entreprises du pays. 


Ces deux disparitions forcées en l’espace de quelques jours montrent à quel point les journalistes sont traités au mépris du droit international, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient à RSF, Sabrina Bennoui. Non seulement les autorités maintiennent les journalistes en détention mais en plus, elles ne se préoccupent même plus d’en notifier leurs proches et de leur donner les motifs de l’arrestation.”


L’année dernière, c’est le photographe indépendant Mohamed El-Raai qui avait été convoqué à plusieurs reprises au poste de sécurité à Shubra El-Kheima (gouvernorat de Qalyubiya, dans le centre du pays), avant de disparaître des radars le 27 novembre. Selon des informations recueillies par RSF, ses proches ne savaient pas ce qui lui était reproché. Il a été libéré la semaine suivante, le 1er décembre, sans être poursuivi. 


L’Egypte occupe la 166e place sur 180 pays dans le Classement de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.

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Mise à jour le 21.01.2021