Efforts de libéralisation : il faut aller encore plus loin et résister à la tentation de contrôle de l'Internet
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Le 26 novembre 2008, Reporters sans frontières a appris, qu'un hebdomadaire et un bihebdomadaire indépendants critiques du pouvoir, rayés des réseaux de distribution officiels, Narodnaya Volya et Nasha Niva, avaient signé des contrats leur permettant de figurer de nouveau sur le catalogue d'abonnements de la poste, Belpotchta. Ils pourront également être vendus en kiosques, ainsi que dans les enseignes de Belsayuzdruk, qui détient le monopole d'Etat de la vente de journaux.
Par ailleurs, le 27 novembre, deux représentants de l'Association des journalistes du Bélarus (BAJ) ont obtenu un entretien, qui a duré plus d'une heure, avec Usevalad Yancheuski, responsable du département idéologique de l'administration présidentielle. A l'issue de cette entrevue, qualifiée de “constructive” par la BAJ, Zhanna Litvina et Andrei Bastunets ont déclaré que même s'ils n'avaient pas obtenu de garantie que les problèmes les plus sensibles seraient résolus, les autorités les avaient écoutés “pour la première fois, depuis les dix dernières années”. Par ailleurs, ont-il souligné, les nombreuses questions posées par leurs interlocuteurs, leur ont donné des “raisons d'espérer”.
“Le retour de ces deux journaux dans le circuit officiel de la presse est indéniablement une bonne nouvelle, ainsi qu'un signe de bonne volonté de la part des autorités bélarusses”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Cependant, beaucoup reste encore à faire. Cette mesure devrait être progressivement étendue à la douzaine de titres qui se trouvent dans une situation d'exclusion similaire et la question de l'accréditation des correspondants étrangers doit également trouver une solution. Enfin, nous appelons les autorités à ne pas céder à la tentation de placer l'Internet sous surveillance renforcée. Les décisions prises dans un futur proche à ce sujet seront décisives et témoigneront des intentions véritables du régime”, a précisé Reporters sans frontières.
A la fin 2005, la poste bélarusse avait refusé d'inclure dans son catalogue une douzaine de journaux indépendants, parmi lesquels Belorusskaya Delovaya Gazeta, Salidarnast et Zhoda. Le réseau de distribution et de vente d'Etat Belsayuzdruk avait annulé ses accords avec Narodnaya Volya, prétextant que le journal publiait “des informations contraires aux lois en vigueur au Bélarus”. Il avait refusé de renouveler ses contrats avec une douzaine d'autres titres non officiels.
Nasha Niva, qui figure parmi eux, vient de signer des contrats avec la poste et le distributeur d'Etat. Même si dix contrats avec ce dernier seraient nécessaires pour assurer la vente du titre sur l'ensemble du territoire, le rédacteur en chef, Andrey Dinko a déclaré à Reporters sans frontières que l'hebdomadaire devrait être dans les kiosques à partir du 1er décembre. Les rédactions des deux titres anticipent un impact positif sur le tirage. Le bihebdomadaire Narodnaya Volya prévoit de paraître quotidiennement si ces prévisions se réalisent.
Narodnaya Volya, principal journal contestataire du pays, a également passé contrat avec une maison d'édition de Minsk, alors que, jusque-là, le titre était imprimé en Russie, à Smolensk, située à plus de 200 kilomètres à l'est de Minsk. “Seuls quelques détails techniques doivent encore être réglés. Le 27 septembre, Reportrers sans frontières a reçu confirmation que le titre était bien présent en kiosques.
Cette libéralisation, relative, est le résultat de la politique européenne à l'égard du Bélarus, mais aussi de la dégradation des relations du pays avec la Russie, qui a entraîné une réorientation de la politique étrangère de Minsk, misant notamment sur le développement des liens avec l'Europe. Le 14 novembre 2008, le chef de l'administration présidentielle, Uladzimir Makey, avait déploré l'isolement du Bélarus et promis des “changements positifs” dans la situation des médias. Le 19 novembre dernier, les autorités du pays ont fait savoir à leurs homologues européens qu'elles étaient prêtes à tenir compte des recommandations de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) relatives au code électoral, mais aussi à accorder aux deux titres cités plus haut l'accès aux infrastructures d'impression et de distribution d'Etat.
Par ailleurs, le 24 novembre, une table ronde intitulée “Média Internet : Un défi du XXIe siècle” , organisée par le ministère de l'Information, le représentant de l'OSCE pour les médias, le bureau de l'OSCE au Bélarus et le ministère des Affaires étrangères, s'est déroulée dans la capitale. Réunissant des représentants du gouvernement, des journalistes et des experts de l'Internet, elle a principalement porté sur la régulation de l'information sur le réseau.
Les représentants bélarusses ont exprimé leur conviction qu'une régulation par le gouvernement des médias en ligne est nécessaire. Usavalad Yancheuski, responsable du département idéologique de l'administration présidentielle, a fait savoir qu'ils recherchaient “un contrôle raisonnable et non la censure”. Il a reconnu qu'il existait néanmoins un risque de “jeter le bébé avec l'eau du bain” et s'est déclaré disposé à rencontrer les représentants des médias sur une base régulière et à examiner toutes les propositions “raisonnables” qui lui seront faites.
Le Bélarus est situé au 154e rang sur 173, du classement 2008 de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016