Du droit de réponse comme nouveau moyen de pression

Reporters sans frontières condamne les pratiques de harcèlement dont est victime la presse réformatrice. La dernière en date, et sans doute la plus ridicule, concerne la suspension du quotidien Yas-e no, interdit de publication pour dix jours à compter du lundi 29 septembre pour avoir refusé de publier, pour la seconde fois, un même droit de réponse du procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi. Le quotidien, qui a fini par céder à toutes les exigences du procureur, a obtenu l'autorisation de reparaître à partir du mercredi 1er octobre. " Cette nouvelle affaire relèverait de la farce si elle ne s'inscrivait pas dans un climat alarmant pour la liberté de la presse en Iran. La justice iranienne aux mains des conservateurs, non contente de convoquer sans cesse des journalistes, de fermer des journaux et de fausser des enquêtes, comme celle sur la mort de la photographe Zahra Kazemi, use maintenant de la pratique du droit de réponse pour monopoliser les espaces d'expression dans la presse réformatrice", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. En effet, Saïd Mortazavi, procureur de Téhéran et ancien juge de la presse, a fermé le quotidien Yas-e no suite à la pratique du droit de réponse que permet l'article 23 de la loi de la presse. Celui-ci prévoit que le journal qui reçoit une réponse à un article doit la publier, avec le titre initial de l'article mis en cause, dans la même rubrique que l'article cité, et dans son intégralité, à condition que le droit de réponse ne soit pas deux fois plus long que l'article initial. Le procureur a ainsi adressé plusieurs ripostes à des articles de Yas-e no concernant notamment l'affaire Zahra Kazemi et les conditions de détention d'Abbas Abdi, journaliste emprisonné depuis plusieurs mois. La dernière lettre envoyée, d'une dizaine de pages (sur les seize du quotidien), a été publiée, avec quelques coupes, dans l'édition du samedi 27 septembre. Considérant qu'elle était incomplète et trop proche d'articles rendant compte de la grève de la faim d'Abbas Abdi, le procureur a demandé sa reparution intégrale (ce qui représente 123 pages de format A4 !) dans l'édition du lendemain, à la une du journal, ce qu'a refusé la rédaction de Yas-e no, avant de plier sous les exigeances du procureur. Par ailleurs, le 28 septembre, une journaliste collaborant à la presse réformatrice, Fariba Davoudi Mohajer, a été condamnée pour ses écrits ainsi que pour sa signature à une pétition pour la libération de prisonniers, par le tribunal révolutionnaire de Téhéran à trois ans de prison avec sursis pour " atteinte à la sûreté de l'Etat " et " propagande contre le régime ". Eskandar Deldam, journaliste à l'hebdomadaire Tabarestan, aujourd'hui suspendu, a, quant à lui, été convoqué la semaine dernière par la 6ème section des services du procureur, suite à un article satirique sur la radio-télévision iranienne, dépendant directement du guide de la République Islamique, Ali Khamenei. Le 27 septembre Mohsen Sazgara, directeur du site Alliran et du quotidien réformateur Jameh (fermé), inculpé pour atteinte à la sécurité nationale, insulte au Guide de la République et propagande contre l'Etat, a été condamné à un an de prison ferme par le tribunal révolutionnaire de Téhéran. Son avocat a précisé que le procès s'est déroulé à huis clos, et que le tribunal n'a pas précisé pour laquelle des accusations ce jugement portait
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Updated on 20.01.2016