Douze ans de prison : les généraux birmans s’acharnent contre le journaliste Sithu Aung Myint

Reporter et chroniqueur politique, il a été condamné, le 9 décembre, à une peine de sept ans de réclusion, qui vient s’ajouter à deux sentences précédentes. Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération et tire la sonnette d’alarme face à un sévère alourdissement des peines prononcées ces derniers jours contre plusieurs journalistes birmans.

 

L’acharnement de la junte contre la presse libre semble ne plus connaître de limite. Condamné à trois ans de prison le 7 octobre, puis à deux ans supplémentaires le 24 novembre, Sithu Aung Myint vient d’écoper, ce vendredi 9 décembre, de sept ans de réclusion criminelle pour “sédition”, au motif de l’article 124 (a) du Code pénal. Une peine qui porte donc à douze ans le temps qu’il doit passer derrière les barreaux.

“La lourdeur des peines qui tombent de façon parfaitement arbitraire contre les journalistes comme Sithu Aung Myint inspire un terrible écoeurement, regrette le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Le monde ne peut pas regarder la Birmanie s’enfoncer ainsi dans la terreur sans rien faire. Nous appelons le Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans le pays, Tom Andrews, à agir pour durcir les sanctions internationales qui visent les généraux birmans.”

Accusations kafkaïennes

Dès sa première condamnation, RSF avait décrit la dimension kafkaïenne des accusations pour “incitation au crime” qui visait Sithu Aung Myint, arrêté le 15 août 2021. Sa condamnation à un total de douze ans de réclusion intervient moins de deux semaines après la sentence prononcée contre le journaliste indépendant Myo San Soe.

Le 30 novembre, celui-ci a été condamné à quinze ans de prison pour “terrorisme” et “financement du terrorisme” - la plus longue peine prononcée à l’encontre d’un professionnel des médias depuis la retour des militaires au pouvoir, le 1er février 2021. 

Deux semaines plus tôt, Win Oo et Zaw Min Oo, deux journalistes qui travaillaient pour des pages web réputées proches de la junte, ont été jetés en prison pour avoir posé des questions qui ont déplu aux autorités lors d’une conférence de presse du ministère de l’Information.

Depuis la prise du pouvoir par l’armée, la Birmanie est devenue, selon le baromètre de RSF, le pays qui emprisonne le plus ses journalistes. Le pays a chuté de 36 places dans Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, occupant ainsi la 176e place sur 180 pays. 

Image
Birmanie
171/ 180
Score : 24,41
Publié le