Double entrave à des journaux d'opposition

07.08.04 - Reparution de Narodnaya Volya Narodnaya Volya, le quotidien indépendant le plus important du Bélarus, a été autorisé, le 6 août, à reprendre sa publication. La rédaction s'est en effet acquittée des dommages et intérêts exigés par l'ancien directeur de la télévision d'Etat, Yahor Rybakov, et l'homme d'affaires Sergei Atroschenko. ----------- 06.08.04 - Double entrave à des journaux d'opposition Le 4 août 2004, les autorités bélarusses ont ordonné l'arrêt de l'impression du quotidien indépendant Narodnaya Volya jusqu'à ce que la rédaction ait dédommagé l'ancien directeur de la télévision d'Etat, Yahor Rybakov, et l'homme d'affaires Sergei Atroschenko. Par ailleurs, le 2 août, le ministère de l'Information a annoncé la fermeture de l'hebdomadaire d'opposition Rabochaya Solidarnost, en conséquence de la dissolution par la Cour suprême du Parti biélorusse du travail, fondateur du journal. Reporters sans frontières est scandalisée par ces décisions contraires au droit des citoyens de recevoir une information indépendante, en particulier à l'approche d'échéances électorales. Ces décisions constituent des attaques contre la presse indépendante, alors que celle-ci est déjà fort mise à mal dans le pays. "Tous les moyens sont utilisés pour faire taire les voix non conformes à l'idéologie présidentielle", a déclaré l'organisation. Le 4 août, l'imprimerie Krasnaya Zvezda (l'étoile rouge) a reçu l'ordre de suspendre l'impression du journal Narodnaya Volya. La veille, le tribunal régional avait procédé à la saisie de matériel appartenant à la rédaction du journal. Le rédacteur en chef, Iosif Seredich, a précisé lors d'une conférence de presse, le 5 août, que le montant des saisies est supérieur aux dommages et intérêts réclamés pour Sergei Atroschenko, qui constituent pourtant leur justification officielle. De plus, le journal doit publier un démenti, alors même que Yahor Rybakov est actuellement détenu pour corruption. " Yahor Rybakov est derrière les barreaux depuis plusieurs mois. Le procureur général a annoncé la saisie de 500 000 dollars que l'ancien directeur de la télévision a obtenu illégalement, 100 000 dollars avaient déjà été saisis. Et nous devrions publier un article déclarant qu'il est "l'homme le plus honnête du monde"", a déclaré Iosif Seredich. Le 31 mai 2004, les juges de la Cour suprême du Bélarus avaient confirmé la condamnation en première instance du 17 novembre 2003, le quotidien devant payer l'équivalent de 20 000 euros de dommages et intérêts au directeur de la télévision d'Etat pour "diffamation". Yahor Rybakov reprochait au journal la publication en octobre 2001 d'une interview de Eleonora Yazerskaya l'accusant de mauvaise gestion. Par ailleurs, l'hebdomadaire d'opposition Rabochaya Solidarnost est maintenant officiellement fermé. Le prétexte aujourd'hui invoqué est la dissolution, par la Cour suprême, du Parti biélorusse du travail (PBT), fondateur du journal. Selon le ministère de l'Information, le fondateur de Rabochaya Solidarnost ayant disparu, le journal cesse alors d'exister. Rabochaya Solidarnost avait été suspendu pour une durée de trois mois sur décision du ministre de l'Information, le 3 juin 2004, pour "violation de la loi sur les médias". Ce dernier avait ordonné la suspension du journal sous prétexte de non-communication des nouvelles coordonnées de l'hebdomadaire aux autorités. Alexandre Bukhvostov, leader du PBT et fondateur du journal, avait déclaré à Reporters sans frontières que l'hebdomadaire était poursuivi parce qu'il critiquait la Fédération des syndicats du Bélarus, progouvernementale. Dans son Rapport annuel 2004, Reporters sans frontières a dénoncé le harcèlement administratif contre la presse indépendante jugée trop critique envers le régime d'Alexandre Loukachenko, classé par l'organisation parmi les 37 "prédateurs de la liberté de la presse" dans le monde. En 2003, les autorités ont suspendu et sanctionné en série plus de dix journaux, empêché une quinzaine de médias indépendants de paraître et fait fermer plusieurs organisations de défense des droits de l'homme qui fournissaient une aide précieuse aux médias.
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Updated on 20.01.2016