A Douala, collusion des potentats locaux pour faire taire les journalistes?
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Reporters sans frontières s'alarme de la détention du journaliste et caricaturiste Charles Fils Elangue et de sa condamnation à une amende de 500 000 Francs CFA (760 euros), une caution de 156 000 Francs CFA (240 euros) et deux millions de Francs CFA (3 000 euros) de dommages dans une affaire de "diffamation".
Les juges du tribunal de Ndokoti, dans la capitale économique Douala (région Littoral, sud-ouest du pays), ont décidé, le 7 juin 2013, d'incarcérer le journaliste, collaborateur de plusieurs médias dont la chaîne de télévision ABK, sous réserve du paiement de ces amendes.
"Le traitement des dernières affaires de presse jugées à Douala laisse transparaître une tendance inquiétante : celle d'une collusion entre les plaignants – souvent des personnalités locales puissantes dont les actions en justice se multiplient – et des juges qui leur donnent raison, même en l'absence d'éléments à charge contre les accusés. Ce petit microcosme semble déterminé à décourager les journalistes dans leur mission d'information, notamment leurs enquêtes sur la corruption", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous dénonçons cette décision regrettable du tribunal de Ndokoti et demandons la libération immédiate de Charles Fils Elangue. Après une accalmie passagère, les emprisonnements de journalistes pour 'diffamation' reprennent au Cameroun", a ajouté l'organisation.
Le journaliste et caricaturiste est accusé de "diffamation" et de "propagation de fausses nouvelles par voie de presse", pour un article publié sur le site Internet Kawalai en 2012, dans lequel il a cité l'épouse de l'artiste musicien Njohreur.
Le jour de sa condamnation, Charles Fils Elangue a été immédiatement transféré à la prison de New-Bell, à Douala. Il y sera détenu en attente du paiement de son amende et de sa caution.
Déjà, le 25 mars dernier, au terme d'un long feuilleton judiciaire, un autre journaliste, Jean-Marie Tchatchouang, directeur de publication du mensuel Paroles, avait été condamné à deux mois de prison, une amende de près de 500 000 Francs CFA (760 euros), et 2 500 000 Francs CFA (3 800 euros) de dommages. Le juge avait également ordonné la suspension de son journal, mais Paroles a continué de paraître.
Le journaliste a été accusé de "diffamation" à l'encontre de Jean Ernest Ngallè Bibéhé, PDG de l'entreprise de transport urbain Socatur, pour une série d'articles publiée en novembre et décembre 2010 décrivant les pratiques de corruption et de clientélisme au sein de la Socatur. Jean-Marie Tchatchouang a purgé ses deux mois de prison et a été libéré le 24 mai. Il comparaît en appel ce 13 juin 2013.
Le journaliste avait déjà été condamné à six mois de prison avec sursis en 2011 dans la même affaire. La justice camerounaise a donc condamné le journaliste une deuxième fois pour la même charge, mais en rapport avec un article différent.
Plus d'informations sur la liberté de la presse au Cameroun :
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Publié le
Updated on
20.01.2016