En marge d'une marche organisée par le collectif contre l'impunité au Burkina Faso dans les rues de la capitale, Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, et Léonard Vincent, responsable de l'information, ont posé des autocollants figurant un faux panneau d'identification des rues de Ouagadougou, indiquant "Avenue Norbert Zongo". Ils ont également distribué des autocollants aux manifestants pour les inciter à les coller à leur tour, en guise d'hommage au journaliste assassiné.
A l'occasion de la commémoration du 10e anniversaire de l'assassinat, le 13 décembre 1998 à Sapouy (Sud), du directeur de l'hebdomadaire
L'Indépendant et trois de ses compagnons, Reporters sans frontières a organisé une opération visant à changer, à l'aide d'autocollants, le nom de l'avenue de la Nation pour rendre hommage à
Norbert Zongo.
En marge d'une marche organisée par le collectif contre l'impunité au Burkina Faso dans les rues de la capitale, Jean-François Julliard, secrétaire général de l'organisation, et Léonard Vincent, responsable de l'information, ont posé des autocollants figurant un faux panneau d'identification des rues de Ouagadougou, indiquant "Avenue Norbert Zongo". Ils ont distribué des autocollants aux manifestants pour les inciter à les coller à leur tour partout dans la capitale, en guise d'hommage au journaliste assassiné et aux trois autres victimes.
"Dix ans après le massacre de Sapouy, les Burkinabés en sont toujours au même point, malgré les soupçons et les éléments ayant orienté l'enquête vers le frère du chef de l'Etat et la garde présidentielle. Pour ajouter le mépris au scandale, non seulement les autorités ont tout fait pour empêcher que justice soit rendue, mais elles n'ont même pas fait en sorte que le Burkina Faso honore l'un de ses meilleurs fils. Au moins aujourd'hui, cette injustice est en partie réparée", a déclaré l'organisation.
Rappel des faits
Norbert Zongo (photo) était le directeur de l'hebdomadaire
L'Indépendant. Il a été retrouvé mort, avec trois autres personnes, carbonisés dans leur véhicule, le 13 décembre 1998, à Sapouy (Sud). Lorsqu'il a été tué, le journaliste enquêtait sur la mort suspecte de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, le frère du chef de l'Etat. Sous la pression de la rue, le président Blaise Compaoré a mis sur pied une Commission d'enquête indépendante (CEI), qui a identifié quelques mois plus tard "six principaux suspects" dans le quadruple assassinat.
En août 2000, trois militaires de la garde présidentielle, dont l'adjudant Marcel Kafando, ont été reconnus coupables d'"avoir séquestré et torturé à mort" David Ouédraogo. Ce dernier était soupçonné d'avoir volé de l'argent au frère du Président. Il est mort sous la torture, quelques jours après avoir été arrêté par la garde présidentielle. En février 2001, Marcel Kafando a également été inculpé d'"assassinat" et "incendie volontaire" par le procureur général dans le cadre du dossier Norbert Zongo. Or, malgré une inculpation aussi grave, Marcel Kafando a coulé toutes ces années des jours tranquilles en liberté, à son domicile de Ouagadougou.
Le 19 juillet 2006, le juge d'instruction Wenceslas Ilboudo a finalement prononcé un non-lieu en faveur de "Marcel Kafando et X", sur la base de la rétractation d'un témoin à charge, huit ans après les faits. Cette décision a été confirmée en appel, éteignant ainsi la procédure visant à élucider l'assassinat de Norbert Zongo. Seuls de "nouveaux éléments" sont susceptibles de relancer l'enquête.
Le 20 octobre 2006, Reporters sans frontières a remis au procureur du Faso la première version du rapport de la CEI, avant qu'elle ne soit édulcorée sous la pression de deux de ses membres, représentant le gouvernement. Certains passages du texte, détaillant les contradictions de François Compaoré dans sa déposition et le rôle joué par l'homme d'affaires Oumarou Kanazoé pour tenter de faire taire Norbert Zongo, avaient été purement et simplement supprimés. Les conclusions de la CEI y étaient beaucoup plus affirmatives et circontanciées sur le sujet, mettant plus précisément en cause les "six principaux suspects" désignés, tous membres de la garde présidentielle.