Disparition forcée, arrestations, censure : la répression sévit aux Emirats
Organisation :
Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté l’arrestation, par les autorités des Emirats arabes unis, du journaliste égyptien Anas Fouda, dont on est sans nouvelles depuis le 3 juillet 2013.
Le 28 juin dernier, alors qu’Anas Fouda se trouve à l’aéroport international de Dubaï, le personnel de sécurité lui notifie son interdiction de quitter le territoire.
Convoqué au département de la sécurité d’Etat, le journaliste s’y rend le 3 juillet, accompagné d’un représentant du consulat égyptien. Ce dernier en ressort seul. Depuis cette date, les proches du journaliste sont sans nouvelle de lui. Anas Fouda avait fait part de ses inquiétudes à des confrères, avant de se rendre à sa convocation.
“Nous appelons les autorités à fournir des explications sur cette arrestation et à communiquer les raisons de sa mise au secret dans les plus brefs délais. Si aucune charge n'est retenue contre le journaliste, celui-ci doit être libéré immédiatement et sans condition” , a déclaré Reporters sans frontières. “Nous tiendrons le département de la sécurité d’Etat, dernier endroit où Anas Fouda s’est rendu, pour responsable de ce qui advient au journaliste”.
Les proches d’Anas Fouda avaient dans un premier temps préféré garder le silence sur cette arrestation. En l’absence d’une libération rapide, ils ont décidé de rendre l’affaire publique. Une page Facebook a, entre autres, été créée pour sa libération.
Anas Fouda, responsable éditorial du groupe MBC, travaille depuis plusieurs années aux Emirats Arabes Unis, et a collaboré avec de nombreux médias, dont Al-Arabiya et Al-Aswaq.net. Il tient également un blog traitant de la politique égyptienne.
Liberté de l’information, dommage collatéral de la chasse aux Frères musulmans
Cette arrestation intervient dans un contexte de chasse aux partisans des Frères musulmans orchestrée par les autorités émiraties.
Le 2 juillet 2013, à l’issue du procès UAE94, la Cour suprême d’Abu Dhabi a condamné 68 individus à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, les accusant notamment d’être liés à l’organisation des Frères musulmans, interdite aux Emirats, et de vouloir renverser le régime. La plupart des condamnés sont membres du groupe local Al-Islah (“la réforme”), qui partage l’idéologie des Frères musulmans égyptiens.
Reporters sans frontières avait dénoncé le black-out de l’information qui avait régné lors du procès: les médias étrangers ainsi que les observateurs de différentes organisations de défense des droits de l’homme s’étaient vu refuser l’accès au tribunal.
Depuis, plusieurs proches des détenus ont été arrêtés pour avoir avoir donné, via les réseaux sociaux, des informations sur le déroulement du procès et les allégations de torture pendant la détention. Abdullah Al-Hadidi, arrêté le 22 mars 2013, a été condamné le 9 avril 2013 à 10 mois de prison pour avoir diffusé des informations sur Twitter “avec de mauvaises intentions". Waleed Al-Shehhi est quant à lui détenu depuis le 11 mai 2013.
Hussain Al-Ajlah (01/07/2013), Obaid Youssef Al-Zaabi (02/07/2013), Hitham Jassim et Kalifah Rabia (25/07/2013) ont tous été récemment arrêtés après avoir publié sur leurs comptes Twitter des informations relatives aux accusés.
Les autorités recourent aux arrestations mais aussi à la censure. Le portail d’information libéral et indépendant watan.com est victime de blocage.
Contacté par Reporters sans frontières, Nezam Mahdawi, l’éditeur du journal Watan, explique la succession de mesures prises par les Emirats Arabes Unis pour réduire le site d’information au silence.
“Accusé à tort d’oeuvrer pour le compte de l’organisation internationale des Frères Musulmans, notre site internet est devenu la cible de menaces et de cyber-attaques de la part des autorités, avant d’être définitivement bloqué. Afin de contourner la censure, le directeur du site a décidé de changer de domaine, sous le nom :watanserb.com.”
Mais l’acharnement des autorités continue.
“Le 31 juillet 2013, la société allemande qui héberge notre site, Hetzner Online AG, a reçu un email de l’Autorité régulatoire des télécommunications des Emirats (TRA), lui donnant l’ordre de fermer notre site”.
Cet email, transmis à Reporters sans frontières, stipule: “Si vous ne parvenez pas ou refusez de répondre à l’ordre de fermeture du site web, vous serez tenu comme juridiquement responsable devant la justice émiratie”
Les Emirats arabes unis figurent à la 114ème place sur 179 pays dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières. Ils font aussi partie des pays “sous surveillance” dans la liste des “Ennemis d’Internet” publiée le 12 mars 2011 par Reporters sans frontières.
“Nous appelons les autorités à fournir des explications sur cette arrestation et à communiquer les raisons de sa mise au secret dans les plus brefs délais. Si aucune charge n'est retenue contre le journaliste, celui-ci doit être libéré immédiatement et sans condition” , a déclaré Reporters sans frontières. “Nous tiendrons le département de la sécurité d’Etat, dernier endroit où Anas Fouda s’est rendu, pour responsable de ce qui advient au journaliste”.
Les proches d’Anas Fouda avaient dans un premier temps préféré garder le silence sur cette arrestation. En l’absence d’une libération rapide, ils ont décidé de rendre l’affaire publique. Une page Facebook a, entre autres, été créée pour sa libération.
Anas Fouda, responsable éditorial du groupe MBC, travaille depuis plusieurs années aux Emirats Arabes Unis, et a collaboré avec de nombreux médias, dont Al-Arabiya et Al-Aswaq.net. Il tient également un blog traitant de la politique égyptienne.
Liberté de l’information, dommage collatéral de la chasse aux Frères musulmans
Cette arrestation intervient dans un contexte de chasse aux partisans des Frères musulmans orchestrée par les autorités émiraties.
Le 2 juillet 2013, à l’issue du procès UAE94, la Cour suprême d’Abu Dhabi a condamné 68 individus à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, les accusant notamment d’être liés à l’organisation des Frères musulmans, interdite aux Emirats, et de vouloir renverser le régime. La plupart des condamnés sont membres du groupe local Al-Islah (“la réforme”), qui partage l’idéologie des Frères musulmans égyptiens.
Reporters sans frontières avait dénoncé le black-out de l’information qui avait régné lors du procès: les médias étrangers ainsi que les observateurs de différentes organisations de défense des droits de l’homme s’étaient vu refuser l’accès au tribunal.
Depuis, plusieurs proches des détenus ont été arrêtés pour avoir avoir donné, via les réseaux sociaux, des informations sur le déroulement du procès et les allégations de torture pendant la détention. Abdullah Al-Hadidi, arrêté le 22 mars 2013, a été condamné le 9 avril 2013 à 10 mois de prison pour avoir diffusé des informations sur Twitter “avec de mauvaises intentions". Waleed Al-Shehhi est quant à lui détenu depuis le 11 mai 2013.
Hussain Al-Ajlah (01/07/2013), Obaid Youssef Al-Zaabi (02/07/2013), Hitham Jassim et Kalifah Rabia (25/07/2013) ont tous été récemment arrêtés après avoir publié sur leurs comptes Twitter des informations relatives aux accusés.
Les autorités recourent aux arrestations mais aussi à la censure. Le portail d’information libéral et indépendant watan.com est victime de blocage.
Contacté par Reporters sans frontières, Nezam Mahdawi, l’éditeur du journal Watan, explique la succession de mesures prises par les Emirats Arabes Unis pour réduire le site d’information au silence.
“Accusé à tort d’oeuvrer pour le compte de l’organisation internationale des Frères Musulmans, notre site internet est devenu la cible de menaces et de cyber-attaques de la part des autorités, avant d’être définitivement bloqué. Afin de contourner la censure, le directeur du site a décidé de changer de domaine, sous le nom :watanserb.com.”
Mais l’acharnement des autorités continue.
“Le 31 juillet 2013, la société allemande qui héberge notre site, Hetzner Online AG, a reçu un email de l’Autorité régulatoire des télécommunications des Emirats (TRA), lui donnant l’ordre de fermer notre site”.
Cet email, transmis à Reporters sans frontières, stipule: “Si vous ne parvenez pas ou refusez de répondre à l’ordre de fermeture du site web, vous serez tenu comme juridiquement responsable devant la justice émiratie”
Les Emirats arabes unis figurent à la 114ème place sur 179 pays dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières. Ils font aussi partie des pays “sous surveillance” dans la liste des “Ennemis d’Internet” publiée le 12 mars 2011 par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016