Deuxième semaine de monitoring des médias publics : la presse publique toujours favorable au président sortant
Organisation :
Durant la deuxième semaine de monitoring des médias publics sénégalais, du 11 au 17 février 2007, Reporters sans frontières a constaté un déséquilibre persistant en faveur du président sortant et candidat de la coalition Sopi 2007, Abdoulaye Wade (PDS, au pouvoir), dans la couverture de l'actualité politique. Toutefois, les médias audiovisuels ont consenti un effort vers davantage de représentativité des autres candidats, même si l'égalité de traitement entre le PDS et les partis d'opposition disposant d'une base électorale importante n'est toujours pas garantie. Par conséquent, en l'absence d'émissions de débat politique qui auraient permis à toutes les sensibilités de trouver une place à l'antenne, l'opposition est nettement sous-représentée. Les journaux d'information, notamment, font clairement pencher la balance.
Le Soleil
La parole au parti du président sortant
Avec plus de 31% de la surface occupée par Abdoulaye Wade et ses soutiens, Le Soleil est le média public qui, depuis le début de la campagne, respecte le moins la règle de l'équilibre entre les candidats en lice. Même si le nombre de sujets consacrés à l'ensemble les candidats a sensiblement augmenté par rapport à la première semaine de campagne, les écarts restent inquiétants : 11,68 % pour le candidat du Parti socialiste (PS, ancien parti au pouvoir), Ousmane Tanor Dieng, alors qu'aucun autre candidat n'atteint la barre des 8%. Ces écarts sont dus à la couverture systématique de l'actualité des soutiens du candidat Abdoulaye Wade. L'APS
Traitement de faveur pour le PDS
Le PDS dispose de moyens importants, lui permettant de fournir aux médias plus de sujets d'actualité que ses concurrents. La direction de l'APS ne tempérant pas cette "offre", le nombre d'évocations du président sortant et le nombre de dépêches lui ayant été consacrées par l'Agence de presse sénégalaise (APS) a par conséquent atteint près de 29% du total de la semaine. Les candidats de l'opposition ne totalisent, pour leur part, que 11,45 % pour Idrissa Seck (coalition "And Liguey Sénégal", parti Rewmi), 10,34% pour Ousmane Tanor Dieng (PS) et Moustapha Niasse (AFP). D'autres candidats importants, comme Abdoulaye Bathily (coalition "Jubbanti Sénégal", LD/MPT) ou Landing Savané (coalition "And Defar Sénégal", parti AJPADS), n'ont bénéficié, respectivement, que de 6,98 % et 5,59 % de la couverture globale de l'agence. RTS 1
L'opposition absente des journaux d'information
Du fait de la diffusion quotidienne d'une émission spéciale, allouant à chacun des candidats un temps d'antenne identique, la chaîne de télévision RTS 1 se veut le média public le plus respectueux de l'équilibre. Mais le déséquilibre trouve sa source dans les journaux d'information. A l'approche du scrutin, les interventions des membres du gouvernement s'y sont multipliées, totalisant près de 4 heures d'antenne sur une semaine. Au moins 17 sujets ont été consacrés aux activités du ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom, soutien affiché du candidat Wade, lui donnant largement la parole sur l'organisation du scrutin. Un reportage consacré à un plan d'indemnisation de sinistrés suite à une catastrophe naturelle, dans lequel l'épouse du président de la République, Viviane Wade, apparaît huit fois, a été rediffusé pendant trois jours. L'opposition, pour sa part, n'a pas eu accès à l'antenne pendant les journaux d'information. RSI et chaîne nationale
Des écarts de plus d'une heure
Au début de la semaine, les radios publiques ont diffusé des comptes rendus de l'actualité des candidats et des partis en lice, systématiquement plus longs pour le candidat du PDS. Mais la tendance s'est vite inversée. Reporters sans frontières salue l'introduction d'une nouvelle émission, intitulée "L'Invité", dans le cadre du journal d'information. Celle-ci permet à chacun des candidats de présenter son programme. Cette initiative a permis de réduire les écarts entre le président sortant et les autres candidats, même si, au total, un déséquilibre subsiste. Il existe une différence de plus d'une heure de couverture entre le peloton de tête - Robert Sagna (UFDS), Ousmane Tanor Dieng (PS), Abdoulaye Wade (PDS) - et les autres candidats (Idrissa Seck (Rewmi), Abdoulaye Bathily (LD/MPT), Landing Savané (AJPADS)). Recommandations
A la lumière de ces premières constatations, Reporters sans frontières recommande : • Aux rédacteurs en chef des médias publics de prendre en compte l'inégalité de moyens entre les différents partis et de tempérer l'offre des "grands partis" (notamment du PDS) par une couverture plus équitable des "petits partis". • Au Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) de souligner publiquement le déséquilibre persistant en faveur du PDS dans la couverture de l'actualité politique au sein des médias publics. Consciente des moyens limités dont dispose le CNRA pour la supervision des médias et du contrepoids des "médias d'opinion" privés, quasiment tous favorables à l'opposition, Reporters sans frontières estime néamoins que l'organe de régulation doit se prononcer sur l'inéquité des médias de service public, théoriquement soumis à des règles strictes et financés en partie par l'Etat. • Une fois de plus au gouvernement et aux médias publics de respecter la règle de la "réserve ministérielle" pendant la campagne électorale. ------------- Mission. Reporters sans frontières mène, du 4 février 2007 à la clôture du scrutin présidentiel, une mission de monitoring des médias publics sénégalais. Conduite depuis Dakar par une équipe d'observateurs, cette mission a pour mandat de mesurer les temps d'antenne et de parole des différentes forces politiques en lice sur les antennes de la radio et de la télévision publiques, ainsi que l'espace consacré à ces forces politiques dans le quotidien Le Soleil et au sein de l'agence de presse APS. L'objectif de la mission est de veiller au respect des règles d'équité. Méthodologie. Reporters sans frontières observe et mesure l'équilibre du tems d'antenne des candidats dans les journaux d'information en français et en wolof, ainsi que l'émission spéciale "La parole aux candidats", diffusés sur la chaîne de télévision publique RTS 1, la radio publique Radio Sénégal internationale (RSI) et la chaîne nationale RTS. Pour la presse écrite, l'organisation compare la surface occupée par chaque candidat et ses soutiens dans les pages de l'unique journal public, Le Soleil. En ce qui concerne l'APS, Reporters sans frontières a relevé le nombre de fois où chaque candidat est cité.
Cette mission a été realisée avec l'aide financière de l'Union européenne.
La parole au parti du président sortant
Avec plus de 31% de la surface occupée par Abdoulaye Wade et ses soutiens, Le Soleil est le média public qui, depuis le début de la campagne, respecte le moins la règle de l'équilibre entre les candidats en lice. Même si le nombre de sujets consacrés à l'ensemble les candidats a sensiblement augmenté par rapport à la première semaine de campagne, les écarts restent inquiétants : 11,68 % pour le candidat du Parti socialiste (PS, ancien parti au pouvoir), Ousmane Tanor Dieng, alors qu'aucun autre candidat n'atteint la barre des 8%. Ces écarts sont dus à la couverture systématique de l'actualité des soutiens du candidat Abdoulaye Wade. L'APS
Traitement de faveur pour le PDS
Le PDS dispose de moyens importants, lui permettant de fournir aux médias plus de sujets d'actualité que ses concurrents. La direction de l'APS ne tempérant pas cette "offre", le nombre d'évocations du président sortant et le nombre de dépêches lui ayant été consacrées par l'Agence de presse sénégalaise (APS) a par conséquent atteint près de 29% du total de la semaine. Les candidats de l'opposition ne totalisent, pour leur part, que 11,45 % pour Idrissa Seck (coalition "And Liguey Sénégal", parti Rewmi), 10,34% pour Ousmane Tanor Dieng (PS) et Moustapha Niasse (AFP). D'autres candidats importants, comme Abdoulaye Bathily (coalition "Jubbanti Sénégal", LD/MPT) ou Landing Savané (coalition "And Defar Sénégal", parti AJPADS), n'ont bénéficié, respectivement, que de 6,98 % et 5,59 % de la couverture globale de l'agence. RTS 1
L'opposition absente des journaux d'information
Du fait de la diffusion quotidienne d'une émission spéciale, allouant à chacun des candidats un temps d'antenne identique, la chaîne de télévision RTS 1 se veut le média public le plus respectueux de l'équilibre. Mais le déséquilibre trouve sa source dans les journaux d'information. A l'approche du scrutin, les interventions des membres du gouvernement s'y sont multipliées, totalisant près de 4 heures d'antenne sur une semaine. Au moins 17 sujets ont été consacrés aux activités du ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom, soutien affiché du candidat Wade, lui donnant largement la parole sur l'organisation du scrutin. Un reportage consacré à un plan d'indemnisation de sinistrés suite à une catastrophe naturelle, dans lequel l'épouse du président de la République, Viviane Wade, apparaît huit fois, a été rediffusé pendant trois jours. L'opposition, pour sa part, n'a pas eu accès à l'antenne pendant les journaux d'information. RSI et chaîne nationale
Des écarts de plus d'une heure
Au début de la semaine, les radios publiques ont diffusé des comptes rendus de l'actualité des candidats et des partis en lice, systématiquement plus longs pour le candidat du PDS. Mais la tendance s'est vite inversée. Reporters sans frontières salue l'introduction d'une nouvelle émission, intitulée "L'Invité", dans le cadre du journal d'information. Celle-ci permet à chacun des candidats de présenter son programme. Cette initiative a permis de réduire les écarts entre le président sortant et les autres candidats, même si, au total, un déséquilibre subsiste. Il existe une différence de plus d'une heure de couverture entre le peloton de tête - Robert Sagna (UFDS), Ousmane Tanor Dieng (PS), Abdoulaye Wade (PDS) - et les autres candidats (Idrissa Seck (Rewmi), Abdoulaye Bathily (LD/MPT), Landing Savané (AJPADS)). Recommandations
A la lumière de ces premières constatations, Reporters sans frontières recommande : • Aux rédacteurs en chef des médias publics de prendre en compte l'inégalité de moyens entre les différents partis et de tempérer l'offre des "grands partis" (notamment du PDS) par une couverture plus équitable des "petits partis". • Au Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) de souligner publiquement le déséquilibre persistant en faveur du PDS dans la couverture de l'actualité politique au sein des médias publics. Consciente des moyens limités dont dispose le CNRA pour la supervision des médias et du contrepoids des "médias d'opinion" privés, quasiment tous favorables à l'opposition, Reporters sans frontières estime néamoins que l'organe de régulation doit se prononcer sur l'inéquité des médias de service public, théoriquement soumis à des règles strictes et financés en partie par l'Etat. • Une fois de plus au gouvernement et aux médias publics de respecter la règle de la "réserve ministérielle" pendant la campagne électorale. ------------- Mission. Reporters sans frontières mène, du 4 février 2007 à la clôture du scrutin présidentiel, une mission de monitoring des médias publics sénégalais. Conduite depuis Dakar par une équipe d'observateurs, cette mission a pour mandat de mesurer les temps d'antenne et de parole des différentes forces politiques en lice sur les antennes de la radio et de la télévision publiques, ainsi que l'espace consacré à ces forces politiques dans le quotidien Le Soleil et au sein de l'agence de presse APS. L'objectif de la mission est de veiller au respect des règles d'équité. Méthodologie. Reporters sans frontières observe et mesure l'équilibre du tems d'antenne des candidats dans les journaux d'information en français et en wolof, ainsi que l'émission spéciale "La parole aux candidats", diffusés sur la chaîne de télévision publique RTS 1, la radio publique Radio Sénégal internationale (RSI) et la chaîne nationale RTS. Pour la presse écrite, l'organisation compare la surface occupée par chaque candidat et ses soutiens dans les pages de l'unique journal public, Le Soleil. En ce qui concerne l'APS, Reporters sans frontières a relevé le nombre de fois où chaque candidat est cité.
Publié le
Updated on
20.01.2016