Deuxième jour de grève de la faim pour Reporters sans frontières
Organisation :
Quatre membres de Reporters sans frontières, dont son secrétaire général, Jean-François Julliard, ont entamé le 28 avril 2009 une grève de la faim à Paris, en soutien à la journaliste irano-américaine, Roxana Saberi, condamnée par la justice iranienne à huit ans de prison pour « espionnage » au profit des Etats-Unis. Elle est, elle-même, en grève de la faim depuis le 21 avril 2009.
« Roxana est très affaiblie par sa grève de la faim. Tout comme sa famille, nous sommes très inquiets pour sa santé. Aussi, nous avons symboliquement pris le relais de sa grève de la faim en signe de solidarité, afin qu’elle n’ait plus à la mener elle-même », a déclaré l’organisation.
Depuis 11 heures hier, les membres de l’organisation sont rassemblés devant les bureaux de l’agence Iran Air, 63 avenue des Champs-Elysées, 75008 Paris. « Nous appelons tous ceux qui sont soucieux de défendre les libertés publiques et les droits de l’homme en Iran à nous rejoindre, et à signer la pétition et le livre d’or ouvert en soutien à la journaliste. Roxana Saberi doit savoir qu’elle n’est pas seule, qu’elle peut maintenant prendre du repos. Nous ne l’abandonnerons pas », a ajouté Reporters sans frontières.
La mobilisation de Reporters sans frontières en France s’étend à l’étranger. Les sections de l’organisation en Belgique, au Canada, aux Etats-Unis et en Espagne commencent à relayer le mouvement.
Le 26 avril, le père de la journaliste, Reza Saberi, avait confirmé la grève de la faim de sa fille. Il l’avait trouvée « très affaiblie ». La jeune femme s’est dite “déterminée et prête à aller jusqu’au bout ”, selon son père. Ceci vient contredire les déclarations du porte-parole du pouvoir judiciaire iranien, Alireza Jamshidi, qui a démenti le fait que Roxana Saberi refusait de s’alimenter. « Elle est en bonne condition physique et elle ne fait pas de grève de la faim », a-t-il déclaré à l’IRNA, agence officielle. L’avocate de la journaliste, Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, a déploré de n’avoir toujours pas pu rendre visite à Roxana Saberi, détenue à la prison d’Evine.
L’organisation rappelle que sept journalistes et deux blogueurs sont actuellement emprisonnés en Iran, pays qui figure à la 166e place, sur 173 pays, dans le classement 2008 de la liberté de la presse publié par l’organisation.
Rappel :
- Le 31 janvier 2009, Roxana Saberi est arrêtée.
- Le 1er mars 2009, l’arrestation est révélée aux médias par la radio américaine NPR, suite à un appel de la journaliste à son père, le 10 février.
- Le 2 mars, Hassan Ghashghavi, porte-parole de la diplomatie iranienne, déclare que Roxana Saberi travaillait "illégalement" en Iran.
- Le 3 mars, Alireza Jamshidi, porte-parole de l’Autorité judiciaire, précise que « la journaliste avait été arrêtée sur ordre du tribunal de la révolution de Téhéran et incarcérée à la prison d'Evine ».
- Le 9 avril, elle est inculpée pour « espionnage » par le vice-procureur, Hassan Zare Dehnavi. Les autorités iraniennes usent et abusent de ce chef d’inculpation pour arrêter les journalistes et museler ainsi davantage la liberté d’expression.
- Le 13 avril, ouverture du procès à huis clos, pour « espionnage au profit des Etats-Unis ».
- Le 18 avril, Roxana Saberi est condamnée à huit ans de prison.
- Le 20 avril, Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, annonce son intention de rejoindre la défense de la journaliste.
- Le 21 avril, début de la grève de la faim.
- Le 25 avril, son avocat fait officiellement appel.
Publié le
Updated on
20.01.2016