Deux semaines après s’être vu confisquer leurs équipements, les journalistes attendent toujours leur restitution

Au cours de l’assaut de la flottille humanitaire à destination de la bande de Gaza le 31 mai dernier, les soldats israéliens ont procédé à la fouille des passagers, journalistes compris. Ils ont confisqué l’ensemble du matériel technique des professionnels des médias présents à bord, ainsi que leurs documents d’identité et leurs effets personnels. Deux semaines plus tard, les journalistes attendent toujours qu’on leur restitue ces biens. En l’absence de restitution, on peut considérer que les soldats israéliens se sont rendus coupables de vol. Les cas de journalistes portant plainte se multiplient. Reporters sans frontières soutient les journalistes dans leurs démarches engagées contre les autorités israéliennes afin de se voir restituer leur matériel. En cas de non-restitution, l’organisation demande que les professionnels des médias soient indemnisés à hauteur des pertes subies. Dès le 8 juin dernier, le journaliste italien Marcello Faraggi avait mentionné à Reporters sans frontières avoir déposé plainte auprès de la police bruxelloise pour « vol avec violence ». Après son expulsion le 4 juin dernier, il avait trouvé le sac de sa caméra scellé. « Le sac était plein de vieux vêtements et de détritus. Ma caméra ? Elle n’était pas dedans » avait-il déclaré. « J’ai perdu pour plus de 20 000 euros de matériel dans cette affaire. J’étais à bord de ce bateau non comme militant, mais comme journaliste. J’étais à bord pour faire mon travail. Les soldats israéliens se sont rendus coupables d’un véritable acte de piraterie », avait-il ajouté. http://fr.rsf.org/israel-alors-que-le-photographe-cevdet-09-06-2010,37699.html Manolo Luppichini, journaliste pour la chaîne de télévision italienne RAI 3, a quant à lui déclaré dans une interview au quotidien Haaretz (édition du 13/06/2010) que sa carte de crédit avait été utilisée pour des achats après qu’elle lui avait été confisquée par l’armée israélienne. "Ils m’ont confisqué à moi et à mon photographe deux appareils photos, des appareils d’enregistrement, un pied d’appareil et d’autres pièces d’équipement. J’étais en train de prendre des photos avec l’un des deux appareils quand ils me l’ont pris", a déclaré le journaliste. "Ensuite ils ont pris mon portefeuille, mon passeport, mon sac et toutes les affaires personnelles que j’avais sur le bateau", a-t-il ajouté. Après son expulsion, Manolo Luppichini a découvert qu’alors même qu’il était détenu à Beer Sheva, puis alors qu’il venait d’être expulsé vers l’Italie, des achats avaient été réalisés en Israël avec sa carte de crédit. « Un retrait de 10 shekels a été réalisé le 2 juin sur un distributeur automatique de Tel Aviv, a-t-il précisé. On a fait un autre achat de 240 shekels au marché de Gedera », alors même que le journaliste était à Bologne, en Italie."Ce ne sont que de petites sommes" a-t-il dit. "Mais ça n’en demeure pas moins du vol". Le journaliste a adressé une lettre au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, au président Shimon Peres, aux ministres de la Défense et des Affaires étrangères et à l’ambassadeur d’Israël en Italie à ce sujet, afin de connaître les circonstances de ces retraits et achats. Il exige aussi que tout son matériel lui soit immédiatement rendu. A la suite de ces déclarations, le porte-parole de l’armée israélienne a répondu que les effets personnels des passagers de la flottille avaient été chargés à bord des avions turcs lorsque les militants de la flottille avaient été expulsés. Il a ajouté que tous les médias magnétiques avaient été confisqués pour des raisons de sécurité, et que l’armée déciderait s’il y avait lieu, ou non, de les rendre à leurs propriétaires ou pas. Si une enquête du ministère des Affaires étrangères ou de la police révélait que quelqu’un avait volé la carte de crédit du journaliste, il a déclaré que de sévères mesures seraient prises.
Publié le
Updated on 20.01.2016