Deux radios saccagées et incendiées en province, un photographe bastonné à Lagos

Reporters sans frontières s'élève contre la destruction, par les hommes de main d'un potentat local, des studios de deux radios publiques de l'Etat d'Anambra, dans le sud-est du Nigeria. De plus, un photographe du quotidien Vanguard a été brutalisé par les gardes du corps de l'ancien chef de la sécurité du dictateur Sani Abacha. Ces deux atteintes à la liberté de la presse viennent s'additionner aux 72 incidents recensés par Reporters sans frontières depuis le mois de janvier. « La violence qui règne au Nigeria fait de ce pays l'une des plus importantes zones à risques d'Afrique pour les journalistes, a déclaré Reporters sans frontières. Et, dans les incidents que nous avons recensés ces jours-ci, l'impunité dont bénéficient certains personnages contribue à perpétuer ce climat extrême. Le président Olusegun Obasanjo devrait prendre la mesure de ce scandale, mettre bon ordre au sein de son parti et garantir des conditions de travail décentes aux journalistes nigérians. » De violentes bagarres ont éclaté dans la soirée du 10 novembre dans la capitale de l'Etat d'Anambra, Awka, lors d'un rassemblement de partisans de l'homme politique Chris Uba. Des partisans de son ancien protégé, le gouverneur Chris Ngige, ont interrompu le meeting en conduisant une intervention musclée. Un témoin, cité par l'agence Reuters, a raconté qu'en représailles, un groupe de militants de Chris Uba s'est alors attaqué à l'immeuble abritant la commission électorale de l'Etat. Vers 3 heures du matin, une centaine de militants de Chris Uba ont ensuite pris d'assaut les locaux de la radio publique à Enugu-Ukwy et à Onitsha, brutalisant au passage les employés qui assuraient la permanence de nuit. Dans les deux cas, selon les témoignages recueillis par Reporters sans frontières, ceux-ci ont été ligotés et battus, avant que les militants de Chris Uba ne mettent le feu aux bâtiments. Ces saccages et ces brutalités sont le dernier épisode de la guerre fratricide que se livrent, au sein du People's Democratic Party (PDP, au pouvoir) Chris Uba et Chris Ngige, depuis l'accession de ce dernier au poste de gouverneur en 2003. Elu avec le soutien de Chris Uba, frère de l'un des plus influents conseillers du président Obansajo, Chris Ngige a ensuite refusé de lui octroyer d'importants contrats publics. Interrogé par Reuters, Chris Ngige a accusé son rival d'avoir provoqué ces troubles, afin de pousser le Président à décréter l'état d'urgence dans l'Etat d'Anambra et à le destituer. Un scrutin municipal est prévu dans l'Etat le 18 décembre prochain, après avoir été reporté en avril dernier, étant donné les graves divergences des deux hommes au sein du PDP. Agressé dans l'enceinte de la Haute cour D'autre part, dans le bâtiment de la Haute Cour fédérale, à Ikeja (Lagos), le même jour, un photographe du quotidien Vanguard a été sérieusement brutalisé par des agents des renseignements militaires nigérians servant de gardes du corps au major Al-Mustapha, ancien chef de la sécurité du dictateur défunt Sani Abacha. Diran Oshe avait été dépêché par son journal pour couvrir le procès du Major Al-Mustapha, accusé d'être impliqué dans la tentative d'assassinat d'Alex Ibru, directeur du quotidien The Guardian. Diran Oshe a voulu prendre une photographie du major Al-Mustapha à la sortie de l'audience, lorsque l'un de ses gardes du corps armés l'a agressé. Frappé plusieurs fois avec la crosse d'un fusil, le photographe a vu son appareil détruit par les hommes de main du militaire. Un vigile du bâtiment fédéral est intervenu et lui a permis de se libérer, le visage tuméfié et les vêtements déchirés.
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Updated on 20.01.2016