Deux quotidiens suspendus : la presse réformatrice de nouveau dans le collimateur

Reporters sans frontières condamne vigoureusement les suspensions des quotidiens réformateurs Vaghayeh ettefaghieh et Jomhouriat, les 17 et 18 juillet 2004 et du mensuel Aftab le 11 juillet. " Procès honteux dans l'affaire Zahra Kazemi d'un côté, suspension de deux des plus grands titres de la presse réformatrice de l'autre : les autorités iraniennes affichent tous les signes d'une politique de plus en plus répressive envers les droits de l'homme et la liberté de la presse. La censure de Vaghayeh ettefaghieh et de Jomhouriat est inacceptable. Non seulement en raison des procédures utilisées par la pseudo justice iranienne, qui use de chantage odieux, mais aussi parce qu'elle est le signe de la volonté du pouvoir conservateur de tarir toute source d'information indépendante, particulièrement au moment où se déroule le procès du meurtrier présumé de la photojournaliste Zahra Kazemi. Nous demandons aux autorités iraniennes de lever, au plus tôt, ces suspensions ", a déclaré Reporters sans frontières. Le 17 juillet 2004, Vaghayeh ettefaghieh a été suspendu " pour une durée indéterminée ", pour " propagande contre le régime ", " publication de fausses informations " et " insultes envers le Guide ". Ce quotidien, dont une grande partie de la rédaction est issue du quotidien réformateur Yas-e no, suspendu le 18 février 2004, à la veille des élections législatives, a gardé une ligne éditoriale très critique envers les dirigeants conservateurs et notamment envers le nouveau Parlement. Jomhouriat a été suspendu, le 18 juillet, pour les mêmes chefs d'accusation. Javad Khorami Moaghadam, directeur du quotidien - qui n'en était qu'à sa 12e édition - avait été convoqué, quelques jours plus tôt, par le procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi. Ce dernier lui avait notamment demandé, sans succès, de limoger le rédacteur en chef de Jomhouriat, Emadoldin Baghi. Convoqué très régulièrement par la justice de Téhéran qui cherche à lui imposer le silence, Emadoldin Baghi avait été condamné, le 4 décembre 2003, sans motif officiel, à un an de prison avec sursis par la 6e section du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Le 23 octobre 2000, il avait été condamné à trois ans de prison ferme, pour " atteinte à la sécurité nationale " et " propagation de fausses nouvelles ". Depuis sa libération, le 6 février 2003, Emadoldin Baghi a multiplié les actions en faveur des droits de l'homme, notamment en signant dans la presse réformatrice des articles dénonçant les atteintes à la liberté d'expression et en créant une association de défense des prisonniers d'opinion. Le 15 juillet, Jomhouriat avait commencé à publier l'introduction du Rapport annuel 2004 de Reporters sans frontières. Enfin, le 11 juillet 2004, le mensuel Aftab a également été suspendu pour " insultes envers le Guide", et " publication des fausses informations ". Aftab était publié depuis 2000 par un collectif d'écrivains et d'intellectuels. Son directeur, Issa Sahakhiz, avait été arrêté en 2003 pour " propagande contre le régime ".
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Updated on 20.01.2016