Deux quotidiens de Kampala rouvrent leurs portes après des négociations avec le pouvoir

Les deux quotidiens Daily Monitor et Red Pepper, appartenant aux groupes Monitor Publications Limited (MPL) et Pepper Publications, ainsi que les deux stations KFM Radio et Ddembe FM (émettant depuis les locaux de MPL), ont repris leurs activités le 30 mai 2013 après onze jours de fermeture et d'occupation de leurs locaux par la police. Cette réouverture intervient à l'issue de négociations entamées le 26 mai entre des représentants de MPL et des membres du gouvernement. La police restera cependant présente dans les locaux du Daily Monitor pour "poursuivre ses recherches" concernant la source de l’article publié dans le quotidien le 7 mai dernier. La réouverture des médias du MPL a été obtenue en échange de l'imposition de limites et de restrictions sur le processus éditorial du Daily Monitor. Selon l'accord trouvé entre le groupe et le pouvoir, le quotidien doit vérifier que les articles sont "correctement fondés, vérifiés et factuels", et éviter la publication d’articles qui pourraient créer des "tensions", inciter à la "haine ethnique", et "provoquer l’insécurité ou perturber l’ordre public". "Soulagés par la reprise des activités de ces médias, nous restons cependant sceptiques quant à ses contreparties. Après une fermeture forcée de onze jours et face aux pertes économiques très graves engendrées par cette situation, le groupe MPL ne semblait pas avoir d'autre choix que d'accepter les requêtes du gouvernement. Pourtant, celles-ci vont inciter les journalistes du Daily Monitor, et plus généralement tous leurs confrères ougandais, à l’autocensure", a déclaré Reporters sans frontières. "Dans le contexte politique actuel et à trois ans de la future élection présidentielle prévue pour 2016, le blocus du Daily Monitor, l'une des principales publications en Ouganda, les intimidations et la volonté du pouvoir de contrôler l'information sont très préoccupantes", a ajouté l'organisation. ------- 29.05.2013 - Dix jours de blocus contre deux quotidiens de Kampala Reporters sans frontières s’inquiète vivement du prolongement de la fermeture forcée de deux journaux de Kampala et de l’occupation de leurs locaux par la police, depuis le 20 mai 2013. Les forces de l’ordre continuent de bloquer l’accès aux sièges de Pepper Publications, qui édite le journal Red Pepper, et de Monitor Publication Limited (MPL) qui possède le quotidien Daily Monitor, en déclarant les lieux "scènes de crime". Deux stations de radio, KFM Radio et Ddembe FM, qui diffusent normalement à partir des locaux du groupe MPL, restent également fermées. "Cette période de dix jours de blocage forcé de supports d’information importants pour la population ougandaise, et l’occupation de leurs locaux par la police, constituent une violation grave de la liberté d’expression", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous demandons au président Yoweri Museveni de garantir le respect des droits des médias ougandais, protégés par la Constitution, et d’ordonner une retraite immédiate des forces de sécurité des sièges du groupe MPL et de Pepper Publications." Le 28 mai 2013, le Réseau pour les droits de l’homme des journalistes ougandais (Human Rights Network For Journalists – HRNJ Uganda) a organisé une manifestation pacifique devant le siège du groupe MPL pour protester contre la répression des médias par les autorités. La police a répondu brutalement, en dispersant le groupe composé de journalistes et d’activistes par des tirs de gaz lacrymogène et des canons à eau. Lors des confrontations, un cameraman de Wavah Broadcasting Services TV, Williams Ntege, a été tabassé par des officiers armés de matraques, et sa caméra a été confisquée. Le responsable national du HRNJ Uganda, Geoffrey Wokulira Ssebaggala, a été interpellé brièvement avant d’être libéré sur ordre du chef de police, Michael Mugabe. Trois autres journalistes ont aussi été interpellés, mais ils ont été relâchés peu de temps après. Cette manifestation avait été organisée à la suite d’une déclaration de l’Inspecteur général de la police, Kale Kayihura, qui avait affirmé que les journaux ne rouvriraient pas dans un avenir proche. Interrogé par Reporters sans frontières, Alex Asiimwe, directeur général du groupe MPL, a affirmé : "Nous ne sommes pas satisfaits de la réaction du gouvernement, qui est hors des limites de la loi. Nous espérons que les autorités respecteront la loi en prenant devant nous l’engagement d’en finir avec cette histoire bientôt, et que le bon sens prévaudra". Les locaux de MPL et Pepper Publications ont été fermés le 20 mai 2013, après la fuite dans le Daily Monitor d’une lettre confidentielle sur une affaire appelée "Projet Muhoozi", qui a déclenché une vague de panique au sein du gouvernement. Red Pepper avait également bravé l’interdiction officielle de couvrir cette affaire. Pour plus d’information sur l’état de la liberté de la presse en Ouganda.
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Updated on 20.01.2016