Deux publications victimes de saisies en l’espace d’un mois
Organisation :
Le 29 juillet 2011, l’ensemble des exemplaires du journal Izvestia Kaliningrada ont été saisis par les autorités de la province de Kaliningrad, faisant écho à d’autres cas similaires survenus dans le pays, où certains gouverneurs régionaux abusent de leur pouvoir pour faire taire les médias qui leur déplaisent.
“Nous nous inquiétons de l’utilisation répétée en peu de temps de cette méthode de censure. En saisissant les tirages d’un journal, les autorités locales bloquent de manière délibérée la diffusion d’informations qu’elles estimaient gênantes, montrant ainsi qu’elles se réservent un pouvoir de contrôler l’information dans leur région, avec le consentement muet du gouvernement central. Nous appelons les autorités à cesser ces méthodes, qui fragilisent gravement les médias visés, pour qui le nombre d’exemplaires saisis signifie autant d’invendus. Le pouvoir central doit prendre des sanctions. L’impunité ne saurait qu’encourager de telles pratiques,” a déclaré Reporters sans frontières.
Le 29 juillet 2011, des hommes du Centre régional de lutte contre l’extrémisme et du Service d’inspection de la sécurité routière ont saisi les 40 000 exemplaires d’Izvestia Kaliningrada, tout juste sortis de l’imprimerie. Le propriétaire et rédacteur en chef du journal, Oleg Altovski, a lui été interpellé et retenu pendant plusieurs heures au Centre régional de lutte contre l’extrémisme. Le responsable du centre, Alexandre Cheliakov, a justifié l’intervention de son équipe à l’agence de presse Interfax en déclarant qu’il aurait été informé du fait que le journal contenait des propos extrémistes. Il s’est engagé à ce que les tirages paraissent si, après vérification, ce n’était pas le cas.
Dans le dernier numéro, le journal avait publié une lettre ouverte adressée au président Medvedev pour demander la démission du gouvernement régional, dont plusieurs membres seraient mêlés à des affaires de corruption. Cette lettre, qui devait paraître la veille de la visite du chef de l’Etat dans la région, a été signée par près de 2000 personnes, nombre considérable dans cette enclave russe située entre la Lituanie et la Pologne. “La publication de cette lettre ne relevait pas de la lutte politique, mais bien de la diffusion d’une opinion publique”, a confirmé le rédacteur en chef à RFE/RL.
Cet acte de censure venant d’une autorité locale fait écho à d’autres événements similaires en Russie. Le 4 juillet dernier à Saint-Pétersbourg, 90% des exemplaires de l’hebdomadaire économique Kommersant Vlast, ont été saisis sur les instructions du Comité municipal de la presse. Le journal, dont la publication n’a pas été empêchée dans d’autres régions du pays, contenait une critique des activités de l’actuelle gouverneur, Valentina Matviyenko. En février, le journal Moï Raïon avait subi des pressions suite à la publication d’un article critiquant ce même gouverneur. La rédaction avait inopinément reçu la visite de contrôleurs des impôts et été convoquée par l’OBEP (police spéciale contre le crime économique). La distribution du journal avait été bloquée, sous la pression de l’administration régionale.
Publié le
Updated on
20.01.2016