Deux nouveaux disparus : les acteurs de l’information victimes collatérales du conflit syrien

C'est avec une profonde inquiétude que Reporters sans frontières a appris lundi 29 avril la disparition en Syrie du journaliste italien Domenico Quirico (photo), envoyé spécial en Syrie pour le quotidien La Stampa. Le contact a été rompu avec le journaliste depuis le 9 avril 2013. Le journal Le Soir avait signalé la disparition à la même date du professeur et politologue belge Pierre Piccinin da Prata. Reporters sans frontières exprime sa vive indignation face au sort des professionnels de l'information en Syrie. Les journalistes, victimes du chaos et de la violence généralisée qui règnent dans le pays sont en effet délibérément ciblés par les différentes parties au conflit. Les enlèvements de journalistes étrangers y sont devenus monnaie courante. Domenico Quirico a indiqué à un confrère, le mardi 9 avril, se trouver sur la route de Homs. On est depuis sans nouvelles de l’envoyé spécial de La Stampa. Journaliste expérimenté, il avait couvert les événements dans différentes zones de conflit notamment au Soudan, en Libye et plus récemment au Mali. Il s'était rendu en Syrie depuis le Liban pour réaliser une série de reportages dans la région de Homs. Le journal La Stampa, en accord avec la famille du journaliste, a décidé de rendre publique sa disparition. Le professeur et politologue belge Pierre Piccinin da Prata s'était déjà rendu à plusieurs reprises en Syrie. Le quotidien belge Le Soir qui avait publié certains de ses récits a signalé sa disparition le 24 avril. On en ignore encore les circonstances exactes. “Reporters sans frontières appelle à la libération immédiate de Domenico Quirico et de Pierre Piccinin da Prata. L’organisation exhorte les individus qui les détiennent à respecter le droit international en vertu duquel les professionnels de l’information ne doivent pas être pris être pris pour cibles par les différentes parties au conflit. Il est grand temps que le régime syrien en finisse avec son mépris total de ses engagements internationaux. Toutes les branches de l'opposition armée doivent également prendre conscience de leurs responsabilités et cesser les attaques contre la presse.” Reporters sans frontières rappelle également que trois autres journalistes étrangers Austin Tice, James Folley et Bashar Fahmi Al-Kadumi demeurent portés disparus ou aux mains de leurs ravisseurs. Avec 23 journalistes tués et 22 emprisonnés, 55 citoyens-journalistes tués et 18 emprisonnés, la Syrie est le pays le plus dangereux au monde pour les acteurs de l’information. Le pays figure à la 176e place sur 179 pays dans le classement 2013 sur la liberté de l’information publié par notre organisation.
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Updated on 20.01.2016