Deux journaux de l'opposition bannis pour une durée de trois mois

Reporters sans frontières dénonce la suspension pendant trois mois de deux journaux d'opposition, le Suara Keadilan, journal du parti Keadilan, et le Harakah, journal du parti islamique PAS, alors que le nouveau Premier ministre, Najib Razak, va entrer en fonctions le 28 mars prochain. Les deux rédactions ont été prévenues par simple fax, et aucune raison ne leur a été fournie. "La pression portée sur la presse écrite de l'opposition est incessante. La restriction orchestrée par le ministre de l'Intérieur Syed Hamid Albar sur les organes de presse de Keadilan est un véritable sabotage électoral et une violente atteinte à la liberté de la presse en Malaisie. Il s'agit clairement d'une manœuvre destinée à minimiser l'impact des publications qui dénoncent les abus du pouvoir et la personnalité du futur Premier ministre Najib Razak", a déclaré l'organisation. Le gouvernement au pouvoir est mené par une coalition dirigée par le parti UMNO (United Malays National Organisation). Tous les coups sont permis dans la course électorale pour décrédibiliser la coalition de l'opposition (Keadilan) menée par Anwar Ibrahim. Les leaders de l'opposition sont perpétuellement attaqués : violation de la vie privée, menaces physiques et suspension d'un membre du Parlement. Syed Hamid Albar, ministre de l'Intérieur, a déclaré au Bernama que les deux journaux d'opposition étaient suspendus car "ils ne respectent pas les conditions de leur permis". Il ajoute que ces journaux publient souvent des articles qui remettent en question la royauté, ainsi que des informations sensationnelles qui ont comme conséquence de perturber l'harmonie de la société. "Ces actions ne signifient pas que le gouvernement a l'intention de museler la presse mais qu'il a l'intention de préserver la paix et l'harmonie dans cette société multiethnique." Tian Chua, membre du Parlement et porte-parole du Keadilan, a déclaré à RSF : " L'interdiction de nos organes de presse a pour but de nuire à notre parti et d'annihiler tous les moyens d'alerter les citoyens sur la nature de ce gouvernement. Nous sommes dans un contexte politique extrêmement sensible de changement de pouvoir et les échéances électorales à venir (élections parlementaires partielles le 7 avril) sont un énorme challenge. La guerre a commencé, et si Najib prend le pouvoir, le pire est à venir." Le secrétaire général du parti PAS a déclaré qu'il fera appel de la décision. "C'est une violation de la liberté de la presse et une violation du droit pour tout parti politique de pouvoir publier librement son journal officiel." La grande majorité des médias malaisiens est liée au gouvernement. L'opposition compte sur ses journaux, sites internet et blogs pour diffuser ses messages à la population. Le mois dernier, le gouvernement avait déjà saisi des dizaines de milliers d'exemplaires du Suara Keadilan et du Harakah.
Publié le
Updated on 20.01.2016