Deux journalistes tabassés alors qu'ils tentaient de rencontrer l'épouse du défenseur des droits de l'homme Me Mohammed Abbou
Organisation :
Deux journalistes, Slim Boukhdir et Taoufik Al-Ayachi, ont été passés à tabac, le 16 août 2006, alors qu'ils se rendaient chez Samia Abbou, l'épouse du célèbre avocat et cyberdissident Mohammed Abbou, afin d'y réaliser une interview. Un important dispositif de police est en effet déployé autour de son domicile depuis qu'elle a mené, le 13 août, une grève de la faim pour demander la libération de son mari.
En arrivant aux abords du domicile de la famille Abbou, Slim Boukhdir, journaliste au quotidien Al-Chourouk et correspondant à Tunis du site Internet de la chaîne Al-Arabiya, ainsi que Taoufik Al-Ayachi, journaliste de la chaîne de télévision Al-Hiwar qui émet depuis l'Italie, ont été pris à partie par une douzaine de policiers qui les ont battus. La caméra de Taoufik Al-Ayachi a été confisquée tandis que Slim Boukhdir réussissait malgré tout à entrer chez Samia Abbou. Il a été appréhendé à sa sortie puis emmené à l'écart pour être tabassé une nouvelle fois.
Slim Boukhdir est régulièrement harcelé depuis qu'il a publié, sur Internet, des articles critiques vis-à-vis du régime tunisien. Mis au ban par son journal, aucun de ses articles n'y a été publié depuis novembre 2005 et son salaire est gelé depuis février 2006. On lui refuse par ailleurs l'attribution d'une carte de presse et son passeport lui a été confisqué. Pour protester contre ces sanctions, le journaliste avait mené une grève de la faim du 4 avril au 16 mai 2006. Les autorités étaient restées sourdes à ses revendications. Quant à Taoufik Al-Ayachi, il fait actuellement l'objet d'une poursuite judiciaire pour "tournage illicite" après avoir couvert une manifestation de soutien au Liban, incident lors duquel il avait déjà été passé à tabac.
Le cas Abbou
Surnommé "l'avocat de la liberté", Mohammed Abbou est emprisonné depuis le 1e mars 2005 à la prison du Kef (à 170 km de Tunis). Il a été condamné, le 29 avril 2005, à trois ans et six mois de prison, à l'issue d'un simulacre de procès. Sa peine a été confirmée en appel deux mois plus tard. L'avocat était jugé dans le cadre de deux affaires. Il a été condamné à trois ans et demi de prison notamment pour la publication sur Internet d'un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib.
Sa femme, Samia Abbou, se bat inlassablement pour protester contre les conditions de détention terribles de son mari, qui se sont dégradées notamment depuis que son épouse et ses quatre avocats ont organisé, le 2 mars 2006, une manifestation devant sa prison. Samia Abbou et ses enfants sont également victimes de harcèlements constants.
Reporters sans frontières et l'ACAT-France demandent aux autorités tunisiennes :
- qu'elles cessent d'avoir recours aux violences physiques et aux sanctions pour faire taire les journalistes qui s'intéressent à la situation des droits de l'homme ;
- de respecter ses engagements internationaux en matière de détention et que Me Abbou soit libéré dans les plus brefs délais.
Les deux organisations condamnent vivement les harcèlements dont est victime Samia Abbou depuis l'incarcération de son mari et tiennent à lui exprimer leur solidarité.
Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le "parrainage" et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli.
Mohammed Abbou est parrainé par Aldaketa Hamasei-Cambio 16 (Espagne), El Periodico de Catalunya (Espagne), CIBL FM (Canada), Campus (Canada), Quartier Libre (Canada) et Le Métropolitain (Canada).
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Publié le
Updated on
20.01.2016