Deux journalistes risquent 15 ans de prison : « Tous doivent être libérés, immédiatement et sans condition »

La violente répression qui s’est abattue sur les manifestants ayant pris part aux rassemblements du 19 décembre touche également les journalistes. Au moins 25 professionnels des médias, ont été arrêtés (voir liste ci-après). Plusieurs d’entre eux ont été condamnés à des peines allant de 10 à 15 jours de prison, le maximum prévu par la loi pour « participation à une manifestation illégale». Plus grave, selon le groupe de défense des droits de l’homme Vasnya, Irina Khalip (Novaïa Gazeta) et Natalia Radzina (charter97.org) sont sous le coup d’une enquête pénale pour « organisation ou participation à trouble à l’ordre public » (art ; 293 du code pénal). Elles risquent, tout comme, les cinq candidats de l’opposition toujours détenus, de trois à quinze ans de prison. Nous exigeons que tous les professionnels des médias interpellés le 19 décembre soient immédiatement libérés, sans condition. L’arrestation d‘une trentaine d’entre eux est en soi choquante, mais les peines de prison prononcées à leur encontre, et la menace de lourdes peines qui pèse sur deux journalistes, sont inadmissibles. Nous appelons les gouvernements européens et russe, ainsi que les institutions européennes et internationales à peser de tout leur poids pour exiger que cette répression politique cesse. Le Bélarus considère sa population avec le plus grand mépris et bafoue ses engagements internationaux. Les timides progrès observés les derniers mois sont en train de révéler leur véritable nature : un vernis de circonstance. Si les autorités ne redressent pas immédiatement la barre, le pays va au-devant d’une détérioration inévitable et durable de la situation, tant intérieure, qu’extérieure. Depuis les manifestations qui se sont déroulées dans le centre de la capitale, Minsk, le 19 décembre au soir, 25 journalistes ont été interpellés, 22 ont été brutalisés, selon les données de la Belarusian Association of Journalists. Par ailleurs, plusieurs journalistes ont été condamnés à des peines de prison : Ilia Kuzniatsou (15 jours) Tatsiana Bublikava (Belsat, 10 jours), Zmitser Halko (Radio Liberty, 10 jours). D’autres procès, et condamnations sont attendus. Irina Khalip est la correspondante du bihebdomadaire russe Novaïa Gazeta. Elle a été appréhendée, dimanche 19 décembre, en compagnie de son mari, Andreï Sannikau, l’un des candidat du scrutin présidentiel. Natalia Radzina, rédactrice en chef du site charter97.org, a été interpellée lors de l’assaut des locaux du site par les troupes anti-émeutes au matin du 20 décembre. Trois collaborateurs de la rédaction ont été interpellés avec elle et condamnés à 10 jours de prison. Liste des journalistes interpellés (la liste, en anglais et en russe, de la BAJ, est accessible sur le site 1 - Tatsiana Bublikava, journaliste indépendante, membre de la BAJ (10 jours de prison)
2. Àndrzej Paczobut, journaliste de Gazeta Wyborcza, membre de la BAJ. Interpellés place de l'indépendance le 19 décembre, il s'est tout d'abord vu refuser l'assistance d'un avocat. Le tribunal du district Kastrychnitski l'a finalement reconnu non coupable et relaxé le 20 décembre.
3. Kastus Lashkevich (TUT.by), membre de la BAJ.
4. Aliaksandr Uladika, journaliste indépendant, (libéré le 20 décembre).
5. Zmicier Sauka, membre de la BAJ (lieu de détention inconnu).
6. Tsimafeï Kaspiarovich, journaliste indépendant (détenu au centre de police Kastrychnitski)
7. Ilia Kuzniatsou, journaliste indépendant, membre de la BAJ (condamné à 15 jours de détention administrative)
8. Irina Khalip, correspondante de Novaïa Gazeta, membre de la BAJ (détenue à la prison d'Akrestsina).
9. Natalia Radzina, charter97.org, membre de la BAJ (frappée par la police et détenue par le KGB).
10. Vadzim Zamirouski, Belgazeta, (détenu à la prison d'Akrestsina jusqu'au 20 décembre).
11. Khristsina Shatsikava, Nash Dom (interpellée et détenue au centre de police Kastrychnitski).
12. Zmitsier Halko (aka Budzimir), correspondant de Radio Free Europe / Radio Liberty (interpellé sur le chemin vers son domicile, lieu de détention inconnu).
13. Marina Vaïnova, Nash Dom, (interpellée et détenue au centre de police Kastrychnitski).
14. Une équipe télévision de Saint Petersbourg (Russie). Libérée peu après l'interpellation.
15. Aliaksandr Astafieu, Moi Raion (Saint. Petersbourg). A pu faire savoir par sms qu'il était emmené au tribunal du district Partisanski (Minsk). Condamné à 10 jours de détention administrative mais remis en liberté le 22 décembre.
16. Sergueï Vozniak, rédacteur en chef du journal Tovarich, membre de la BAJ, membre de l'équipe du candidat Uladzimir Niaklayeu (lieu de détention inconnu).
17. Aliaksandr Fiaduta, journaliste indépendant, membre de l'équipe du candidat Uladzimir Niaklayeu, membre de la BAJ (lieu de détention inconnu). 18. Maria Antonova, correspondante de l'Agence France Presse, libérée le 20 décembre.
19. Dzmitri Ivanou, correspondant du journal russe Natsionalny Kontrol. Interpellé le 18 décembre, remis en liberté.
20. Maksim Piatrovich, correspondant du journal russe Natsionalny Kontrol. Interpellé le 18 décembre, remis en liberté.
21. Pavel Sieviaryniets, membre du conseil de la BAJ (conduit dans les locaux du département d'enquête du KGB à Minsk)
22. Aliakseï Shein, membre de la BAJ (condamné à 12 jours de prison et transféré au centre de détention d'Akrestsina)
23. Yauhien Vaskovich, correspondant du Bobruyski Kuryer, membre de la BAJ. Arrêté le 20 décembre à Minsk, il a été condamné à 12 jours de détention. 
 

24. Yan Lahvinovich, journaliste indépendant, membre de la BAJ. Victime de violences policières, il a eu le bras cassé et a été blessé à la tête. Interpellé le 19 décembre, il a été condamné à 10 jours de détention et se trouve au centre d'Akrestsina. La police refuse de lui transmettre les colis de sa femme.


25. Ruslan Ihnatovich – pigiste pour Pressball, étudiant en 2e année de journalisme. Pourrait être renvoyé de l'université.

Liste des candidats actuellement détenus : Uladzimir Niakliaeu, Andreï Sannikau, Ryhor Kastusyou, Aliakseï Mikhalevich et Mikalaï Statkevich.
Publié le
Updated on 20.01.2016