Deux journalistes poursuivis pour “sédition”: une relaxe, un report

Les charges de “sédition” pesant sur Mike Gbenga Aruleba, présentateur d'une émission politique sur la chaîne privée African Independant Television, ont été abandonnées le 10 octobre 2006, après que l'accusation et le juge Bash Kawewumi ont déclaré qu'il avait “fait montre de grands remords”. Le journaliste a cependant nié, à la sortie de l'audience, “s'être excusé auprès de qui que ce soit”. Le procès de Rotimi Durojaiye, correspondant pour les affaires aéronautiques du quotidien privé Daily Independent et inculpé dans la même affaire, a été renvoyé devant la cour d'appel au 3 novembre. -------------------- 29.06.2006 - Deux journalistes relâchés sous caution dans l'attente de leur procès pour “sédition” La Haute Cour fédérale d'Abuja a ordonné, le 29 juin 2006, la mise en liberté sous caution de Rotimi Durojaiye, correspondant pour les affaires aéronautiques du quotidien privé Daily Independent, et de Mike Gbenga Aruleba, présentateur d'une émission politique de la chaîne privée African Independent Television (AIT). Le procès des deux journalistes, poursuivis pour “sédition” en vertu d'une loi que plusieurs juristes nigérians qualifient de “morte” depuis 1983, a été fixé au 25 juillet. “Nous réitérons notre demande d'abandon de ces poursuites, qui sont non seulement illégales, mais également infondées”, a déclaré Reporters sans frontières. ---------------- 27.06.2006 - Deux journalistes arrêtés et inculpés en vertu d'une loi caduque depuis 1983 Reporters sans frontières s'insurge contre les procédures abusives lancées par le gouvernement nigérian à l'encontre de Mike Gbenga Aruleba, présentateur d'une célèbre émission politique, et de Rotimi Durojaiye, reporter du Daily Independent. Les deux journalistes, arrêtés les 25 et 26 juin 2006, ont été inculpés de “sédition” en vertu d'une loi rendue caduque par l'arrêt d'une cour d'appel datant de 1983. “Que les services de renseignements nigérians soient systématiquement instrumentalisés pour servir de police politique à la présidence est déjà scandaleux en soi. Mais l'exhumation d'une loi archaïque à l'encontre d'hommes de presse, qui n'ont fait que lever des questions d'intérêt public, est un artifice couvrant mal des manœuvres de basse politique”, a déclaré Reporters sans frontières. Dans le Daily Independent du 12 juin, Rotimi Durojaiye a publié un article intitulé “Controversy Over Age, Cost ot Presidential Jet” (“Polémique autour de l'âge et du coût de l'avion présidentiel”), dans lequel le journaliste s'interrogeait sur les modalités et l'opportunité de l'acquisition du nouvel avion présidentiel. Dans son émission “Focus Nigeria”, diffusée le lendemain sur la chaîne de télévision AIT, le présentateur Mike Gbenga Aruleba a évoqué ce sujet, qui suscite une grande controverse dans la presse nigériane. Pour avoir employé un mot péjoratif (“tokunbo”), suggérant qu'il s'agissait d'un appareil de seconde main, il a été arrêté le 14 juin par des agents du State Security Services (SSS, services de renseignements intérieurs), puis relâché le jour suivant à condition de rendre compte de ses déplacements. Rotimi Durojaiye a été arrêté à son tour le 25 juin, tandis que le rédacteur en chef de son journal a été simplement interrogé par le SSS. Le lendemain, alors que, dans le cadre de son travail, il avait quitté Abuja pour Lagos, Mike Gbenga Aruleba a été de nouveau arrêté. Les deux journalistes ont finalement comparu le 27 juin pour une première audience au cours de laquelle ils ont été formellement inculpés. Une nouvelle audience est prévue le 29 juin. Selon des juristes nigérians, les deux journalistes ont été inculpés de “sédition”, en vertu d'une loi rendue caduque par un arrêt de la cour d'appel d'Enugu, en 1983. “C'est une loi morte, qui ne peut être utilisée contre personne au Nigeria” (“Sedition cannot be used against any Nigerian. It is a dead law”), s'est indigné l'avocat Gani Fawehinmi, cité par le quotidien privé The Punch. Le président de l'association des barreaux d'Afrique de l'Ouest, Femi Falana, s'est demandé, dans le même article, “ce que le gouvernement espère en intimidant la presse en utilisant des arguments anticonstitutionnels” (“What will the government gain from intimidating the press in a matter that is unconstitutional?”). La presse privée nigériane estime qu'elle subit les foudres du président Olusegun Obasanjo pour avoir soutenu l'opposition à son projet d'amendement de la Constitution, finalement avorté, visant à se présenter pour un troisième mandat. Après plusieurs semaines d'un débat houleux dans la presse et à l'Assemblée nationale, le Sénat a rejeté l'amendement au mois de mai. Selon le président de AIT, Raymond Dokpesi, cité par l'agence Reuters, Mike Gbenga Aruleba est visé par les autorités en raison de la popularité de son émission politique, qui aurait joué un rôle important dans le retournement de l'opinion sur la question du troisième mandat.
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Updated on 20.01.2016