Alors que Recep Tayyip Erdogan s’entretenait avec le vice-président des Etats-Unis Joe Biden, le 25 septembre, dans un grand hôtel à New York, deux journalistes turcs,
Adam Yavuz Arslan, représentant du journal
Bügun, et
Ali Halit Aslan, représentant du quotidien
Zaman,
ont été agressés par les gardes du corps du président turc.
Selon Adem Yavuz Arslan, un conseiller d’Erdogan a demandé à Ali Erdogan, neveu et membre de la sécurité du président, d’évacuer le journaliste. Après l’avoir mis dehors, deux autres conseillers, Senol Kazanci et Aydin Ünal, l’ont également menacé. “Votre existence est un crime”, ont-ils proféré à l’égard du reporter. Ce dernier relate que des inconnus l’ont par la suite physiquement agressé dans la rue.
Le journaliste américano-turc, Ali Halit Aslan, a lui aussi été prié par les gardes du corps d’Erdogan de quitter l’hôtel. Ces derniers ont, dans un premier temps, exigé que tous les journalistes présents dans le café de l’hôtel évacuent les lieux avant de désigner spécifiquement Ali Halit Aslan et de lui intimer l’ordre de partir sans en préciser la raison. L’incident a nécessité l’intervention de la police locale afin de protéger le journaliste.
«
Reporters sans frontières condamne fermement l’attaque, sur le sol américain, de deux journalistes turcs par les forces de l’ordre du président Erdogan. Ce traitement est inacceptable et met en lumière le durcissement des autorités turques, dont des représentants s’en prennent sans état d’âme à des journalistes de leur propre pays même en dehors de ses frontières, en marge d’une rencontre bilatérale majeure. L’organisation demande aux autorités turques de sanctionner les responsables de ces violences qui ont ainsi fait obstacle à la mission d’information de ces reporters.», commente Lucie Morillon, directrice des Programmes de Reporters sans frontières.
Zaman, quotidien anglophone, et
Bugün, quotidien turc, sont connus pour sa proximité avec la confrérie Gülen, ennemi numéro un d’Erdogan qui l’accuse de vouloir renverser le régime. Depuis Gezi, les autorités turques tentent de museler toute voix dissidente et les journalistes sont les premières victimes de censure quand ils ne se font pas agressés, arrêtés et condamnés. Reporters sans frontières a écrit
une lettre ouverte au président Erdogan pour dénoncer la situation alarmante de la liberté d’expression en Turquie.
La Turquie figure à la 154e place sur 180 pays dans le
Classement mondial 2014 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.