Deux journalistes libérés mais inculpés de "sédition"

Deux journalistes arrêtés par la police zambienne, les 17 et 18 janvier 2011, ont été remis en liberté le 19 janvier. Mwala Kalaluka, journaliste du quotidien privé The Post, et Nyambe Muyumbana, directeur adjoint de Radio Lyambai, une station privée locale émettant à Mongu (Ouest), risquent cependant sept ans de prison ou une amende d'un million de Kwachas zambiens (environ 150 euros) car ils sont respectivement accusés d'"intention séditieuse" et de "publication d'informations séditieuses". Nyambe Muyumbana a confié par téléphone à Reporters sans frontières que la date de sa comparution n'était pas encore fixée. "Je n'ai pas d'avocat et n'ai pas les moyens de m'en payer un pour me défendre", a-t-il ajouté. Mwala Kalaluka devait, quant à lui, comparaître devant le tribunal de Kabwe (140 km au nord de la capitale), le 20 janvier, mais la police a indiqué ne pas être prête à instruire le dossier. L'audience pourrait avoir lieu le 23 février prochain. -------------------------------------------------------------------------------------- 19.01.2011 - Deux journalistes détenus par la police pour leur couverture de manifestations Reporters sans frontières dénonce la détention par la police zambienne, depuis le 17 janvier 2011, de Mwala Kalaluka, journaliste du quotidien privé The Post, et depuis le 18 janvier, de Nyambe Muyumbana, directeur adjoint de Radio Lyambai, une station privée locale émettant à Mongu (Ouest). Les autorités leur reprochent leur couverture des événements survenus la semaine dernière à Mongu, dans la province occidentale du Barotseland, où l'ethnie Lozi appelle à faire sécession. "Je suis bien traité et je vais bien, mais aucune charge n'a été formellement notifiée contre moi. Je devrais comparaître le 19 janvier devant un tribunal", a confié Mwala Kalaluka au correspondant de Reporters sans frontières en Zambie venu lui rendre visite au commissariat de Kabwe (nord de Lusaka), le 18 janvier. Les autorités zambiennes refusent à l'avocat et directeur de publication adjoint du journal The Post, Sam Mujuda, le droit de défendre le journaliste, sous prétexte qu'ils appartiennent tous deux à la même entreprise. "Je vais me plaindre auprès de l'Association des avocats de la Zambie (LAZ) car ceci est une entrave au droit de mon client à bénéficier d'un avocat", a déclaré Sam Mujuda. "Comme souvent, les autorités confondent le nécessaire travail d'enquête du journaliste sur un événement avec une soi-disant implication dans cet événement. Le fait de couvrir un sujet ne vous en rend pas acteur. Mwala Kalaluka et Nyambe Muyumbana n'ont commis aucun crime, si ce n'est de couvrir amplement la question des émeutes dans le Barotseland. Nous demandons non seulement leur libération immédiate mais aussi l'abandon des charges éventuelles retenues contre eux", a déclaré Reporters sans frontières. Le 17 janvier, Mwala Kalaluka circulait dans un bus entre la capitale, Lusaka, et la ville de Kabwe (140 km au nord de Lusaka) lorsqu'il s'est entretenu par téléphone, avec un interlocuteur dont nous préservons l'anonymat, sur les événements dans la province du Barotseland. Il a mentionné à ce dernier avoir également parlé du sujet avec la station américaine Voice of America. Un homme se présentant comme un "agent des services de renseignements" l'a alors interpellé, a fait arrêter le bus, et a remis le journaliste entre les mains de la police en affirmant qu'il "incitait à la violence" en s'entretenant avec des Américains à propos de la question du Barotseland. Après avoir été longuement interrogé, Mwala Kalaluka a été mis aux arrêts au commissariat de Kabwe, aux alentours de 17 heures. Mwala Kalaluka a dénoncé les brutalités policières lors de la répression des émeutes dans la province du Barotseland au cours desquelles deux personnes ont été tuées. Le 18 janvier, Nyambe Muyumbana a été interpellé à son tour. "Il a passé la nuit en cellule. La police l'accuse d'avoir diffusé des programmes incitant les auditeurs à s'insurger contre les autorités", a annoncé à l'Agence France-Presse Daniel Sikazwe, président de l'Institut des médias d'Afrique australe. Radio Lyambai est suspendue depuis le 14 janvier par le gouvernement qui affirme qu'elle "milite pour l'autonomie de la province de l'Ouest du reste de la Zambie".
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Updated on 20.01.2016