Deux journalistes libérés à la fin de leur peine

Kyaw San (connu sous son nom de plume Cho Seint) et Aung Zin Min ont été relâchés après sept ans et trois de mois de détention. Ils sont tous les deux très affaiblis. Reporters sans frontières et la Burma Media Association demandent la libération immédiate du célèbre journaliste Win Tin, détenu depuis quatorze ans malgré son âge et son état de santé fragile.

Le 1er mars, les deux journalistes et écrivains Kyaw San (connu sous son nom de plume Cho Seint) et Aung Zin Min ont été libérés après sept ans et trois mois de détention. Ils auraient dû être relâchés en décembre 2003, mais pour des motifs inconnus, ils ont purgé trois mois supplémentaires. Ils sont tous les deux très affaiblis. Reporters sans frontières et la Burma Media Association (BMA) prennent acte de leur libération, mais regrettent vivement que ces deux journalistes aient dû purger la totalité de leur peine pour avoir simplement exprimé leurs opinions. Les deux organisations réitèrent leur demande de libération des treize journalistes toujours emprisonnés, notamment Win Tin qui va célébrer le 12 mars prochain son soixante-quatorzième anniversaire. C'est donc à la prison d'Insein que Win Tin, journaliste et membre de la Ligue nationale pour la démocratie, "fêtera" son soixante-quatorzième anniversaire. Malgré sa santé fragile, les autorités birmanes ne font preuve d'aucune compassion envers cet homme qui a déjà passé quatorze années en prison. Le 1er mars 2004, à la veille de l'arrivée en Birmanie de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Ismail Razali, cinq prisonniers d'opinion, dont les journalistes Kyaw San (Cho Seint) et Aung Zin Min, ont été relâchés. Les deux journalistes ont retrouvé leur famille. Aung Zin Min réside à Rangoon et Cho Seint s'est rendu chez sa sœur à Taungoo (au nord de Rangoon). Tous deux avaient été arrêtés par des hommes des services secrets militaires MIS lors des manifestations étudiantes de 1996. Ils avaient été condamnés à sept ans de prison en vertu de l'article 5 (j) de la loi d'urgence de 1950 pour avoir soutenu ces manifestations dans des articles publiés dans des revues d'opposition. Kyaw San, journaliste du magazine culturel Styke-thit (Nouveau Style) et poète, était détenu dans la prison de Tharrawaddy (cent kilomètres au nord de Rangoon). Au cours de son interrogatoire, qui s'est déroulé au début de l'année 1997, il avait été torturé, et notamment frappé à la tête. Il souffre depuis d'une surdité partielle. Cette période d'interrogatoire, qui a duré plusieurs semaines, l'a affaibli physiquement et psychologiquement. Ensuite, Kyaw San était resté détenu pendant deux semaines dans une cellule insalubre et sans fenêtre de la prison d'Insein. Petit-fils de Thakin Kotaw Hmime, l'un des pères de l'indépendance de la Birmanie, sa famille a été délibérément privée de ressources par les militaires qui se succèdent au pouvoir depuis 1962. Depuis 1997, il ne recevait pratiquement pas de visites ni d'aides de l'extérieur. Il ne disposait donc pas des médicaments qui lui auraient permis de soigner les diarrhées et les douleurs d'estomac qui le font souffrir. Selon l'un de ses anciens compagnons de détention, le journaliste n'a jamais perdu son esprit combatif et a même participé, en juin 1998, à une grève de la faim pour demander plus d'eau et l'ouverture des portes des cellules pendant la journée. Les prisonniers ont obtenu gain de cause. Aung Zin Min était, quant à lui, fonctionnaire (comptable) et collaborateur du magazine Styke-thit. Il avait été transféré, en 2001, dans la prison de Thayet (centre du pays). Le tribunal militaire l'avait notamment accusé d'être membre du Parti communiste birman (interdit). Selon l'un des proches du journaliste, celui-ci n'a jamais milité dans ce parti. Reporters sans frontières et BMA rappellent qu'elles s'opposent à toute levée des sanctions politiques et économiques contre le gouvernement birman avant la libération des prisonniers politiques et la fin de la censure sur l'information.
Publié le
Updated on 20.01.2016