Deux journalistes interdits de sortie du territoire, un autre condamné à deux ans de prison

Quatre journalistes sont actuellement détenus en Iran, deux autres sont interdits de sortie du territoire et un hebdomadaire a été fermé. La censure exercée par le ministère de la Culture et de la guidance islamique reste forte et des listes de sujets prohibés sont régulièrement envoyées aux rédactions. “La presse iranienne et ses journalistes subissent de nombreuses injustices. Nombreux sont ceux qui sont harcelés dans leurs rédactions, suivis dans la rue, emprisonnés sans jamais pouvoir consulter un avocat ou encore privés de leur droit de voyager. La liste est longue“, a déclaré l'organisation. Mehrnoushe Solouki (photo), étudiante en journalisme, détentrice de la double nationalité française et iranienne, est retenue en Iran contre son gré depuis son arrestation le 17 février 2007. Elle s'était rendue à Téhéran en décembre 2006, dans le cadre de ses études à l'université du Québec (Canada), pour réaliser un documentaire sur les événements qui ont suivi l'accord de cessez-le-feu, en 1988, entre l'Iran et l'Irak. Cette jeune femme a été placée en détention pendant un mois dans la prison d'Evin pour avoir filmé des familles des victimes des violences des années 1980. Ses notes de travail et ses images ont été saisies par les autorités. Elle a été libérée le 19 mars 2007 après avoir versé une caution de cent millions de toumen, soit l'équivalent de 80 000 euros. Depuis cette date, les autorités refusent de lui rendre son passeport et elle ne peut pas quitter le pays. Mehrnoushe Solouki a été, par ailleurs, convoquée à de nombreuses reprises par les services de renseignement. Une autre journaliste, Parnaz Azima, irano-américaine, s'est également vu confisquer son passeport, le 25 janvier 2007, à son arrivée à l'aéroport de Téhéran. C'est la deuxième fois que la journaliste est confrontée à une telle restriction. En 2006, elle avait été empêchée de quitter le territoire pendant trois semaines par les services de renseignements. Aujourd'hui, cela fait plus de quatre mois qu'elle patiente et attend de récupérer ses papiers. Le juge chargé du dossier aurait exigé le versement d'une caution de 400 millions de toumen (l'équivalent de 320 000 euros). Elle a déjà été convoquée et interrogée à plusieurs reprises par des agents des services de renseignements qui exigent qu'elle collabore avec eux. Dans une autre affaire, Kaveh Javanmard, de l'hebdomadaire Karfto, a été condamné, le 17 mai 2007, par la deuxième chambre du tribunal de Sanandej (Kurdistan iranien) à deux ans de prison. Le journaliste devra purger sa peine dans la prison de la ville de Maragheh (Nord-Ouest), à plus de 300 km du lieu de résidence de sa famille. Durant le procès, qui s'est déroulé à huis clos, Kaveh Javanmard n'a pas eu accès à un avocat. Par ailleurs, le 21 mai 2007, des agents du parquet de la province de Sistan-o-Balouchestan (Sud-Est) se sont introduits dans les locaux de l'hebdomadaire Ayaran avec un mandat pour fermer le journal. Pour avoir publié les déclarations de certains dignitaires sunnites, l'hebdomadaire est poursuivi pour “publication de fausses informations”, “troubles de l'opinion publique” et “propagation d'idées séparatistes”. Reporters sans frontières rappelle que le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, et le Guide suprême de la République, l'ayatollah Khamenei, figurent sur la liste des 34 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.
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Updated on 20.01.2016