Deux journalistes de l'hebdomadaire arménien Agos relaxés

La deuxième chambre du tribunal correctionnel de Sisli à Istanbul a relaxé, le 18 juin 2008, le propriétaire principal de l'hebdomadaire arménien Agos, Serkis Seropyan, et son rédacteur en chef, Aris Nalci. Ce jugement intervient alors que le 26 mai dernier, le procureur Isa Dalgiç avait requis trois ans de prison contre les deux journalistes. Le 16 janvier, ils avaient été convoqués et sommés de payer une amende de 23 500 euros pour “tentative d'obstruction à un procès équitable” (article 288 du code pénal), ce qu'ils avaient refusé, ouvrant la voie à un procès. “Nous nous réjouissons de la relaxe des deux journalistes. Cependant, les poursuites engagées contre eux révèlent que l'assassinat de Hrant Dink n'a pas suffi à dissuader tous ceux qui considèrent comme criminelle la simple évocation d'un fait historique comme le génocide arménien. Cette pression sur la société au moyen de poursuites contre les journalistes doit cesser”, a déclaré Reporters sans frontières. Serkis Seropyan et Aris Nalci étaient passibles de trois ans de prison pour un éditorial intitulé “L'ardoise intelligente”, publié dans Agos le 9 novembre 2007. L'article critiquait la condamnation de Arat Dink - fils du journaliste Hrant Dink, assassiné le 19 janvier 2007- et de trois autres membres de la rédaction d'Agos à un an de prison avec sursis pour avoir reproduit les propos tenus par Hrant Dink lors d'une interview accordée en 2006 à l'agence de presse britannique Reuters. Il avait alors parlé du génocide arménien. Dans son réquisitoire du 26 mai dernier, le procureur de la République, Isa Dalgiç, avait réclamé la condamnation des deux journalistes. Le 18 juin, le nouveau procureur, Mucahit Ercan, a demandé leur relaxe, jugeant que le contenu de l'article incriminé “restait dans le champ du droit à la liberté d'expression”. À la sortie du palais de justice de Sisli, l'avocat d'Agos, Kemal Aytaç, s'est réjoui de la décision tout en dénonçant les pressions que continuent de subir les journalistes. “Ce procès ne devait même pas avoir lieu. Les relaxes le prouvent. Bien que vous soyez innocenté par les tribunaux, le fait d'être traîné en justice n'est pas sans conséquence. Certains, tel Hrant Dink, l'ont payé de leur vie”, a-t-il déclaré.
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Updated on 20.01.2016