Deux journalistes agressées par les forces de l’ordre alors qu’elles couvraient une manifestation
Organisation :
Sana Farhat, une journaliste du quotidien francophone Le Temps, et Maha Ouelhezi, travaillant pour le site d’information en ligne Web Manager Center, ont été agressées, le 4 janvier 2012, par des agents de force de l’ordre en civil, alors qu’elles couvraient une manifestation d’enseignants universitaires devant le ministère de l’Enseignement supérieur à Tunis.
Sana Farhat s’est vu confisquer sa carte de presse et son appareil photo par les policiers qui ont effacé la vidéo qu’elle venait de tourner dans le hall alors que les agents s’apprêtaient à faire reculer les manifestants. Attrapée par les cheveux, elle a été traînée sur le sol après avoir protesté pour récupérer son matériel. Contactée par Reporters sans frontières, Sana Farhat a indiqué son intention de porter plainte.
Maha Ouelhezi s’est vu confisquer son appareil photo par un policier qui l’a ensuite cassé en le jetant au sol.
Les enseignants de l’université de la Manouba à Tunis manifestaient pour demander la reprise des cours. L’université est en effet paralysée depuis plus d’un mois par des personnes, inspirées par les doctrines salafistes, qui revendiquent le droit pour les jeunes filles portant le niqab à suivre les cours et à passer les examens, ce que la loi interdit en Tunisie.
« L’attitude des agents des forces de l’ordre n’est pas sans rappeler les anciennes pratiques policières de l’ère Ben Ali, s’est inquiétée Reporters sans frontières. Malgré les excuses formulées par leur hiérarchie, les agents de police doivent comprendre qu’ils ne sont plus au-dessus des lois. A la veille du premier anniversaire de la révolution, la poursuite des violences policières est particulièrement inquiétante. Nous demandons aux nouvelles autorités tunisiennes d’enquêter sur cet incident et de sanctionner les responsables. Elles doivent prendre les mesures nécessaires afin qu’un tel incident ne se reproduise pas. »
A deux reprises déjà, les 27 novembre et 3 décembre 2011, Hassan Soussou, directeur de Tunisie Numérique, avait pris la décision de dénoncer dans son journal électronique les violences exercées par les forces de l’ordre contre ses journalistes. Le journal n’avait toutefois pas porté plainte considérant comme « encourageantes » les excuses que lui avaient présentées le ministère de l’Intérieur.
Publié le
Updated on
20.01.2016