Deux journalistes étrangers et deux techniciens sud-africains acquittés par un tribunal de Harare

Le correspondant du quotidien américain New York Times, Barry Bearak, et le journaliste britannique arrêté en même temps que lui ont été acquittés le 16 avril 2008 par un tribunal de Harare, a indiqué leur avocat. Les deux techniciens sud-africains Sipho Maseko et Abdulla Gaibee ont eux aussi été acquittés le 14 avril. -------------- 08.04.2008 - Arrestations, abus de pouvoir, harcèlement : Reporters sans frontières dénonce le comportement des autorités sortantes envers la presse étrangère Reporters sans frontières dénonce le comportement agressif des autorités zimbabwéennes sortantes envers la presse étrangère, après que plusieurs interpellations et abus de pouvoir à l'encontre de journalistes ont été rapportés. Dans ce contexte, l'organisation déplore les propos du ministre adjoint sud-africain des Affaires étrangères, rejetant la faute de l'instabilité politique au Zimbabwe sur les médias internationaux. "La frustration des autorités sortantes, fidèles à Robert Mugabe, s'exprime par des arrestations et le harcèlement de ceux qu'elles considèrent, à tort, comme des ennemis du Zimbabwe. C'est pourquoi nous ne comprenons pas qu'un ministre sud-africain abonde dans leurs sens, au risque de leur apporter un soutien moral, alors qu'elles bafouent impunément les règles démocratiques que l'Afrique du Sud est suppposée incarner. La 'diplomatie silencieuse' ne doit pas être un soutien systématique", a déclaré l'organisation. Le correspondant américain du quotidien The New York Times Barry Bearak et un journaliste britannique, détenus à la prison centrale de Harare depuis jeudi 3 avril 2008, ont été remis en liberté contre une caution de 300 millions de dollars zimbabwéens (10 000 USD au taux officiel, 69 USD au marché noir), a déclaré leur avocat Me Harrison Nkomo. Le journaliste britannique a reçu l'ordre de demeurer à l'ambassade du Royaume-Uni. Quant à Barry Bearak, 58 ans, il "a été admis dans une clinique pour des blessures au dos après une mauvaise chute", a précisé son avocat. Ils avaient été arrêtés lors d'une descente d'une unité de police zimbabwéenne le 3 avril au York Lodge, un hôtel de banlieue où résident plusieurs correspondants étrangers couvrant les élections générales du 29 mars, puis inculpés pour avoir prétendument couvert les élections sans accréditation. Le procureur général avait estimé qu'il n'y avait pas lieu de lancer des poursuites, mais la police a refusé de les laisser sortir, allant à l'encontre de l'avis du procureur général. Les avocats des journalistes ont alors intenté un recours en urgence le 5 avril. Deux techniciens sud-africains de la société Globecast, chargée d'installer des équipements satellitaires servant à transmettre des images télévisées, ont également été libérés le 7 avril après dix jours de détention. Sipho Maseko et Abdulla Gaibee avaient été inculpés pour "journalisme sans accréditation". Sipho Maseko, diabétique, a dû être hospitalisé lors de son incarcération parce que son taux de sucre était devenu alarmant. Ils ont été libérés contre une caution de 200 millions de dollars zimbabwéens chacun. Par ailleurs, deux journalistes de la station privée sud-africaine Radio 702 avaient été arrêtés le 4 avril dans l'après-midi, alors qu'ils voulaient entrer au Zimbabwe par le poste frontière de Beit Bridge. Jean-Jacques Cornish et Sheldon Morais ont été détenus et interrogés pendant plus de trois heures avant d'être finalement renvoyés en Afrique du Sud. La police zimbabwéenne a confisqué leurs passeports lors de l'interpellation. Lors d'un discours devant le corps diplomatique le 4 avril 2008, le ministre adjoint sud-africain des Affaires étrangères a qualifié l'ensemble des médias étrangers et la communauté internationale d'"instruments de conspiration et de déstabilisation". Selon Aziz Pahad, ils ont injustement accusé le président Mugabe de vouloir "voler" les élections en repoussant l'annonce des résultats. Le ministre adjoint a affirmé que l'organisation simultanée des élections présidentielle, parlementaires et sénatoriales ont entraîné des problèmes logistiques qui sont les seuls responsables de ce retard.
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Updated on 20.01.2016