Deux hauts responsables du syndicat des journalistes arrêtés à l'aéroport de Mogadiscio

Reporters sans frontières dénonce avec vigueur l'arrestation, le 17 décembre 2006, d'Omar Faruk Osman, secrétaire général, et d'Ali Moalim Isak, coordinateur de son organisation partenaire en Somalie, la National Union of Somali Journalists (NUSOJ). Les deux journalistes ont été interpellés par les forces de sécurité de l'Union des tribunaux islamiques (UTI), à l'aéroport de Mogadiscio, transférés au commissariat du district Waberi et maintenus en détention jusqu'au soir, sans avoir été inculpés et sans connaître le motif officiel de leur arrestation. "La NUSOJ est une organisation indépendante, légitime et courageuse. Elle représente et défend les journalistes somaliens, qui s'acquittent d'une mission extrêmement dangereuse dans cette période d'incertitude et de violence. Puisqu'elle défend uniquement le droit des Somaliens à être informés, nous ne comprenons pas que son leadership soit maltraité et suspecté. Nous appelons Cheikh Hassan Dahir Aweys, le chef du conseil de la Shoura des tribunaux islamiques, à faire en sorte que la NUSOJ puisse travailler sereinement et librement sur l'ensemble du territoire du pays, sans être la cible de manoeuvres visant à la déstabiliser ou la détruire", a déclaré Reporters sans frontières. Omar Faruk Osman s'apprêtait à embarquer sur un vol à destination de Dubaï, le 17 décembre à 9 heures 45, lorsque Ali Moalim Isak, qui l'avait accompagné à l'aéroport, a été arrêté par un responsable de la sécurité. Le secrétaire général de la NUSOJ a été, à son tour, empêché d'embarquer et les deux hommes ont été informés par un policier qu'ils étaient "en état d'arrestation". Ils ont d'abord été transférés au poste de police de l'aéroport, avant d'être conduits, les yeux bandés, au commissariat du district Waberi. L'ordinateur d'Omar Faruk Osman, ainsi que des documents en sa possession, leurs passeports et leurs téléphones portables ont été confisqués. Un policier est venu les interroger en cellule et les a contraints à révéler le mot de passe pour accéder aux emails du journaliste. Omar Faruk Osman et Ali Moalim Isak ont été libérés aux alentours de 20 heures 30, après l'intervention personnelle du directeur adjoint de la sécurité de l'UTI, Sheikh Mukhtar Robow, dit "Abou Mansour". Ce dernier les a reconduits en voiture à leurs bureaux de Mogadiscio, en les assurant qu'ils ne "subiraient aucune injustice" et qu'ils étaient "innocents jusqu'à ce qu'un tribunal les reconnaissent éventuellement coupables". Aucune charge n'a été officiellement retenue contre eux, mais leurs biens ne leur ont pas été restitués. "Nous ne sommes pas des adversaires des tribunaux islamiques, a déclaré Omar Faruk Osman, interrogé par téléphone le 18 décembre par Reporters sans frontières. Nous pensons qu'ils ont été manipulés et qu'on leur a donné de fausses informations sur nous. Nos yeux ont été bandés, nous avons été détenus sans explication, j'ai été empêché d'embarquer pour un voyage d'affaires et nos biens personnels ont été confisqués. Dans ces conditions, nos droits ont été bafoués, étant donné que nous n'avons pas été inculpés et qu'aucun tribunal ne nous a condamnés." La NUSOJ est la lauréate 2005 du prix Reporters sans frontières / Fondation de France, dans la catégorie "Défenseur de la liberté de la presse".
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Updated on 20.01.2016