Deux attentats en quarante-huit heures contre des médias au nord du pays : “Un sérieux avertissement”

Deux médias ont été les cibles d’attaques à la grenade en l’espace de deux jours dans les Etats de Nuevo León et de Coahuila, au nord du Mexique. Un nouveau protocole sur la protection des journalistes a été signé au niveau fédéral et ces attentats doivent accélérer sa mise en œuvre. Ces avertissements sont à prendre très au sérieux depuis que les attaques directes contre les rédactions se multiplient dont sept pour la seule année 2010 sur les 18 relevées depuis cinq ans par la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). En 2010, Televisa a subi des attentats à répétition. Au matin du 9 janvier 2011, deux grenades à fragmentation ont été lancées contre la succursale de la chaîne nationale Televisa à Piedras Negras, dans l’État de Coahuila. Les projectiles n’ont heureusement pas explosé. Les raisons de s’inquiéter sont cependant réelles. Cette première attaque est intervenue quelques heures après des menaces de “nettoyage médiatique” qu’aurait proférées une organisation criminelle contre les journalistes “partiaux” dans leur couverture de la “narco-guerre”. Dans la foulée a été constatée une cyber-attaque contre la page du site Multimedios, lançant la rumeur d’un assassinat contre le gouverneur Rodrigo Medina. Une autre attaque a eu lieu le 11 janvier au sud de Monterrey (État du Nuevo León). Cette fois, les grenades à fragmentation et les tirs à l’arme lourde ont visé les installations de la rédaction du quotidien local El Norte. L’attentat n’a heureusement pas fait de blessés. Des inconnus circulant à bord d’une Trail Blazer grise ont stationné devant les locaux. Un individu homme est descendu du côté passager, et a lancé une grenade qui a explosé sur la façade du côté droit de l’édifice. C’est la deuxième fois que le journal est victime d’attentat. La première attaque remonte au 20 septembre 2010, selon le même mode opératoire et heureusement sans conséquences graves. Coahuila et Nuevo León figurent parmi les zones les plus dangereuses du pays depuis le déclenchement de l’offensive fédérale contre le narcotrafic en décembre 2006. Cette guerre qui ne dit pas son nom, et mobilise 50 000 militaires, a causé la mort de 15 723 personnes en 2010 (plus de 30 000 au total) selon un décompte de l’AFP. Depuis le 1er janvier 2011, une centaine d’assassinats ont été dénombrés dans ce contexte. La presse demeure une cible privilégiée : la guerre physique se double d’une guerre de l’image impliquant d’importantes pressions sur les médias, en plus des attaques physiques contre les journalistes. Reporters sans frontières sollicite un rôle consultatif auprès du Comité d’évaluation des risques mis en place par le gouvernement dans le cadre du nouveau protocole de sécurité. L’organisation apporte son soutien à la campagne de dix caricaturistes de presse “Jamais plus de sang”, initiée cette semaine (dessin d’Alejandro Magallanes) et reprise sur les réseaux Facebook (http://www.facebook.com/pages/Basta-de-Sangre/192545064093366) et Twitter.
Publié le
Updated on 20.01.2016