A l'occasion des deux ans de la disparition d'Alfredo Jiménez Mota, journaliste du quotidien El Imparcial à Hermosillo (Nord-Ouest), Reporters sans frontières en appelle aux autorités fédérales pour relancer les enquêtes sur les cinq disparitions de journalistes depuis 2003. Tous travaillaient sur des affaires de narcotrafic.
Journaliste au quotidien El Imparcial à Hermosillo (Nord-Ouest), Alfredo Jiménez Mota n'a plus donné signe de vie depuis le 2 avril 2005. Tout en regrettant que l'enquête le concernant n'ait toujours pas avancé, Reporters sans frontières tient à rappeler que cinq journalistes mexicains ont disparu au cours des quatre dernières années.
“Malgré les récentes révélations d'un témoin dans l'affaire Alfredo Jiménez Mota, les autorités fédérales n'ont toujours pas convoqué le gouverneur de l'État de Sonora, Eduardo Bours, et son entourage, mis en cause dans ce dossier. Nous craignons que ce manque de volonté judiciaire - et politique - n'explique qu'aucune disparition de journaliste n'ait à ce jour été élucidée. Les cinq journalistes disparus travaillaient tous sur des affaires liées à la criminalité organisée ou au narcotrafic. Les chances de les retrouver vivants sont aujourd'hui quasi nulles. Néanmoins, nous appelons Octavio Alberto Orellana Wiarco, nouveau procureur en charge du parquet spécial contre les attaques envers les journalistes (Fiscalía Especial para la Atención de Delitos Cometidos Contra Periodistas - FEADP) depuis le 9 mars dernier, à relancer les recherches”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 2 avril 2005 à Hermosillo, Alfredo Jiménez Mota, spécialiste du narcotrafic pour le quotidien El Imparcial, a mystérieusement disparu alors qu'il devait rencontrer une source d'information. Le 17 janvier dernier, un lieutenant de police a directement mis en cause ses supérieurs, un procureur local et Ricardo Bours, frère du gouverneur de l'État de Sonora, comme commanditaires de l'enlèvement et de l'exécution du journaliste. Alfredo Jiménez Mota aurait découvert l'implication de ces derniers dans la libération douteuse de deux narcotrafiquants en 2004, après une saisie de drogue (cf. communiqué du 23 janvier 2007). L'affaire a été portée devant la Commission nationale des droits de l'homme mais aucun représentant de l'État de Sonora n'a été entendu depuis.
Rodolfo Rincón Taracena, journaliste du quotidien Tabasco Hoy dans l'État du même nom (Sud-Est), avait lui aussi découvert de nouveaux foyers de narcotrafic à Villahermosa (cf. communiqué du 26 janvier 2007). Il reste introuvable depuis le 20 janvier dernier. Une plainte a aussitôt été déposée devant la justice fédérale.
En plus des 22 journalistes assassinés depuis 2000, le Mexique compte, pour la même période, trois autres disparus : Jesús Mejía Lechuga, de la station Radio MS-Noticias, depuis le 13 juillet 2003 dans l'État de Veracruz (Sud-Est) ; Rafael Ortiz Martínez, collaborateur du quotidien Zócalo et de la station XHCCG 104.1 FM, apparemment enlevé par des narcotrafiquants, le 8 juillet 2006 dans l'État de Coahuila (Nord) ; et José Antonio García Apac, directeur de l'hebdomadaire régional Ecos de la Cuenca, depuis le 20 novembre 2006 dans l'État du Michoacán (Sud-Ouest).