Descente de police dans les bureaux de The Zimbabwean, trois organisations de défense de la presse menacées: la répression continue
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Reporters sans frontières dénonce l'opération de la police zimbabwéenne dirigée contre les bureaux de Harare du quotidien privé basé à Londres The Zimbabwean, ainsi que la campagne agressive du président de la Commission des médias et de l'information (MIC), Tafataona Mahoso, visant le syndicat des journalistes du pays et deux organisations de défense de la liberté de la presse.
"L'obsession du contrôle de l'information est une constante du gouvernement de Robert Mugabe. Une fois de plus, l'injure, la police et la MIC sont les armes utilisées contre les voix qui dérangent un régime incapable d'entendre autre chose que des louanges. L'équipe de The Zimbabwean est parfaitement en règle et doit être laissée en paix. Nous appelons par ailleurs la justice zimbabwéenne à ne pas être complice de la campagne agressive de Tafataona Mahoso contre les organisations qui défendent l'exercice libre du journalisme dans le pays", a déclaré Reporters sans frontières.
La semaine du 3 octobre 2006, quatre policiers en civil ont fait irruption dans l'un des points de distribution de The Zimbabwean à Harare. Ils ont emporté une copie de l'autorisation d'importation du journal, ainsi que des exemplaires de la semaine précédente. Le quotidien, l'un des derniers indépendants du pays, est publié au Royaume-Uni et imprimé en Afrique du Sud, contournant ainsi la législation draconienne sur la presse privée (AIPPA, Access to Information and Protection of Privacy Act). Wilf Mbanga, le rédacteur en chef de The Zimbabwean, a dénoncé cette “tactique de cowboy” et souligné que, la semaine précédente, le journal avait publié un article dans lequel des sources militaires avaient dénoncé des cas de corruption au sein de la police zimbabwéenne.
Quelques jours plus tôt, le 1er octobre, le président de la MIC, Tafataona Mahoso, avait appelé le ministère de l'Information à enquêter sur le syndicat des journalistes zimbabwéens (Zimbabwean Union of Journalists, ZUJ), estimant qu'il animait un “lobby anti-Zimbabwe”. Il affirmait posséder des documents faisant état d'une demande de fonds formulée par la ZUJ auprès de l'ambassade des Pays-Bas et à l'UNESCO. Tafataona Mahoso, connu pour être un fidèle du président Robert Mugabe, affirmait enfin avoir déposé une demande d'enquête sur le secrétaire de la ZUJ dans la province de Mashonaland West, Nunurai Jena, accusé de travailler pour la radio publique américaine Voice of America (VOA), basée à Washington, sans en avoir obtenu l'autorisation de la MIC.
Par ailleurs, les accusations et les menaces adressées aux organisations de défense de la liberté de la presse se sont multipliées. Le 28 septembre, la MIC a ainsi violemment critiqué l'antenne zimbabwéenne du Media Institute of Southern Africa (MISA-Zimbabwe), qui soutient, selon elle, un “changement de régime”. Le lendemain, le quotidien gouvernemental The Herald a publié une déclaration de Tafataona Mahoso, stigmatisant la ZUJ, le MISA-Zimbabwe et le Media Monitoring Project of Zimbabwe (MMPZ), qui "tiennent des rencontres secrètes sous l'apparence d'une réforme de la loi sur la presse". Ces trois organisations, qui forment la Media Alliance of Zimbabwe (MAZ), devaient tenir le lendemain une conférence sur les lois répressives sur la presse, en vigueur dans le pays depuis 2002.
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Updated on
20.01.2016