Des tendances à la baisse qui se confirment

La baisse du Maroc (-8 places) reflète une crispation des autorités sur des questions relatives à la liberté de la presse, que l’on commence à observer dès 2009. La condamnation d'un journaliste à un an de prison ferme (il purgera huit mois), la fermeture arbitraire d'un journal, l'asphyxie financière orchestrée par les autorités d’un autre journal... autant de pratiques qui expliquent le recul de la position du Maroc dans le classement. Même constat pour la Tunisie (-10) qui passe de la 154e place à la 164e (la Tunisie avait déjà perdu 9 places entre 2008 et 2009). Le pays continue sa chute dans les profondeurs du classement du fait de la politique de répression systématique mise en place par les autorités de Tunis à l'égard de toute personne qui exprime une idée contraire à celle du régime. L'adoption de l'amendement de l'article 61bis du code pénal est particulièrement inquiétante dans la mesure où elle conduit à criminaliser tout contact avec des organisations étrangères qui, à terme, nuiraient aux intérêts économiques de la Tunisie. Situation identique en Syrie (-8) et au Yémen (-3) où la liberté de la presse se réduit comme peau de chagrin. Les détentions arbitraires continuent à être de mise, tout comme le recours à la torture. De son côté, l'Iran conserve sa place en bas du classement. La répression qui s'est abattue sur les journalistes et les net-citoyens au lendemain de la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009 n'a fait que se renforcer en 2010. Une amélioration relative dans quelques pays Au premier abord, les progressions constatées entre le classement 2009 et celui de 2010 traduisent des améliorations. Toutefois, il est important de souligner combien la situation avait été préoccupante en 2009. En ceci, 2010 consacre plutôt un retour à l'équilibre antérieur, sans pour autant de progrès significatifs dans ces pays. Tel est le cas d'Israël hors territoire qui "gagne" 18 places dans le classement, passant de la 150e à la 132e place. L'année 2010 n'a pas été exempte de violations de la liberté de la presse de la part de l'armée israélienne, comme peuvent en témoigner les cas de journalistes étrangers arrêtés sur la flottille en mai 2010, ou les journalistes palestiniens, cibles régulières de tirs de soldats de Tsahal. Ou encore l'accrochage au Sud-Liban au cours duquel un journaliste libanais a trouvé la mort en août dernier. Toutefois, 2010 est sans commune mesure avec 2009 au début de laquelle s’était déroulée l'opération "Plomb durci" : six journalistes avaient trouvé la mort, dont deux dans l'exercice de leurs fonctions, et au moins trois bâtiments abritant des médias avaient été pris pour cibles. Même constat pour les Territoires palestiniens qui gagnent 11 places dans le classement 2010 (150 au lieu de 161e). Les violations de l’année écoulée sont simplement "moins graves" qu'en 2009, même si les journalistes et médias continuent à faire les frais du bras de fer engagé entre le Hamas et le Fatah. En Algérie, le nombre de procès intentés contre les journalistes a sensiblement diminué, ce qui explique la progression de 8 places dans le classement. Entre 2008 et 2009, le pays avait chuté de 20 places en raison de la multiplication des actions judiciaires. L'Irak a gagné 15 places (130e), du fait d'une amélioration sensible des conditions de sécurité dans le pays et ce malgré le fait que trois journalistes aient été tués entre le 1er septembre 2009 et le 31 août 2010, dont deux assassinés. Depuis, trois morts en moins d'un mois... le retrait des forces américaines combattantes en Irak fin août marque nécessairement le début d'une nouvelle ère. La sécurité des citoyens, et en particulier celle des journalistes, ne doit pas en pâtir. Des chutes dans le Golfe persique Le Bahreïn connaît un recul de sa position dans le classement, passant de la 119e à la 144e place, qui s'explique par la multiplication des emprisonnements et des procès, notamment contre les blogueurs et les net-citoyens. Une autre baisse importante est celle du Koweït qui perd 27 places, passant de la 60e à la 87e place, du fait notamment de l'acharnement des autorités koweitiennes à l'encontre de l'avocat et blogueur Mohammed Abdel Qader Al-Jassem, incarcéré à deux reprises suite à des plaintes déposées par des personnalités proches du régime. Ceci contredit la volonté des autorités de donner l'image d'être la première démocratie du Golfe.
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Updated on 25.01.2016