Des photojournalistes à nouveau pris pour cibles par l’armée israélienne

Les 8 et 9 février 2010, une dizaine de journalistes venus couvrir une vaste opération de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Shu’fat (nord de Jérusalem-Est) ont été pris pour cibles par des soldats de Tsahal. « Tout indique que les soldats israéliens ont délibérément tiré sur les journalistes. Et ce n’est pas la première fois, loin de là. Les autorités israéliennes mettront-elles un jour un terme à l’impunité dont jouissent ses soldats ? Nous demandons à l’armée israélienne d’ouvrir une enquête et de sanctionner les coupables, sans quoi ce type d’incidents déplorables se reproduira sans fin », a déclaré Reporters sans frontières. Le 8 février 2010, de nombreux journalistes ont été blessés alors qu’ils couvraient une opération de perquisitions et d’arrestations de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Shu’fat. Suite à un important déploiement des forces israéliennes dans le camp, des affrontements ont éclaté entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens près du poste de contrôle situé à l’entrée principale du camp. Diala Jweihan, photojournaliste pour le site d’informations Qudsnet, a été blessée au ventre par une grenade tirée par des soldats de l’armée israélienne. Inconsciente, elle a été transférée à l’hôpital. « Je couvrais les affrontements depuis un lieu relativement éloigné, lorsqu’un soldat a tiré une grenade dans ma direction », a déclaré la journaliste, une fois sortie de l’hôpital. Ont également été blessés par des tirs de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc Sinan Abu Mizer et Amar ‘Awad, photographes pour l’agence Reuters, Nader Pepers cameraman pour la chaîne Falestin TV, Karim Khadr cameraman pour CNN. Samir Abou Al-Gharbiya, cameraman pour la chaîne qatarie Al-Jazeera a, quant à lui, été blessé par un projectile tiré par un jeune Palestinien. « J’étais avec d’autres journalistes dans le camp lorsque les soldats de l’armée israélienne ont voulu nous empêcher de couvrir les événements. Ils ont alors tiré une grenade assourdissante qui m’a blessé à la cheville et à la main gauche. Dix minutes plus tard, les soldats nous ont tiré dessus avec des balles en caoutchouc. L’une d’entre elles, après avoir rebondi contre le mur, m’a touché à la main », a déclaré Karim Khadr. Le 9 février au soir, toujours dans le camp de Shu’fat, trois autres photojournalistes ont été blessés alors qu’ils couvraient de nouveaux affrontements entre les habitants du camp et les agents infiltrés de l’armée israélienne. Il s’agit d’Atta ‘Awissat et Mahmoud Alyan, photographes pour le journal Al-Quds, et d’Ahmed Al-Gharably de l’AFP. Les trois hommes ont été transférés à l’hôpital de Muhal’afati. Ils affirment que les soldats les ont pris pour cibles et qu’ils ont tenté de leur prendre leur matériel photo. Le samedi 6 février, des heurts avaient éclaté entre des jeunes Palestiniens et des soldats israéliens du poste de contrôle militaire à l’entrée du camp, les jeunes Palestiniens protestant contre la politique d’inspection jugée humiliante. Le camp de réfugiés de Shu’fat, qui abrite plus de 25 000 réfugiés palestiniens, est isolé de Jérusalem par un mur de séparation. Deux postes de contrôles militaires ont été construits à l’ouest dans le camp, points de passage obligés pour tous les habitants qui veulent sortir du camp ou y entrer. A noter que Shu’fat est le seul camp de réfugiés situé dans les limites de la municipalité de Jérusalem. Le 6 février, Nidal Ishtiyeh, photographe pour une agence de presse chinoise, a été blessé par des balles en caoutchouc tirées par des soldats israéliens, près du village de Iraq Burin (proche de Naplouse, au nord de la Cisjordanie). Il était venu couvrir des affrontements qui opposaient les habitants du village à des colons israéliens qui avaient vandalisé le puits utilisé par les agriculteurs du village pour irriguer leurs terres. Le 28 janvier, près du village de Burin (sud de la ville de Naplouse) des soldats de l’armée israélienne avait agressé trois photographes venus couvrir la culture des olives. Il s’agit de Rami Swidan, photographe de l’agence de presse Ma’an, Ashraf Abu Shawish de l’agence Pal Media, Abdelrahim Al-Qusini et Hassan Titi, photographe et cameraman pour l’agence Reuters.
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Updated on 20.01.2016