Par une décision du ministre intérimaire de la Communication, l'Etat ivoirien a décidé de prendre certaines mesures visant à accroître son emprise sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Reporters sans frontières proteste et dénonce une manoeuvre ayant pour but de contrôler totalement les informations au sein de la RTI.
Par une décision du ministre intérimaire de la Communication, Hubert Oulaye, du 10 juin 2004, l'Etat ivoirien a décidé de prendre certaines mesures visant à accroître son emprise sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).
"Les autorités vont pouvoir à présent contrôler totalement les informations au sein de la RTI. Il est clair que le but caché de cette manœuvre est d'écarter toutes celles pouvant porter préjudice au gouvernement", a déclaré Reporters sans frontières.
"Le rôle de la RTI est notamment de répondre aux besoins des populations en matière d'information et d'assurer une représentation équilibrée des différents courants politiques, mais pas de servir de porte-voix à tel ou tel parti. Nous demandons aux autorités de revenir sur des mesures s'apparentant à des actes de censure", a ajouté l'organisation.
Hubert Oulaye, qui remplace Guillaume Soro, secrétaire général du Mouvement patriotique de la Côte d'Ivoire (MPCI), à la fonction de ministre de la Communication a, dès son arrivée, fustigé la RTI et son directeur, Kebe Yacouba, les accusant de soutenir la rebellion. Les journalistes ont alors commencé à exprimer leurs craintes quant à une possible remise en cause de leur indépendance.
Le 10 juin, suite à l'attaque quelques jours auparavant de positions avancées des forces de sécurité par des groupes isolés de rebelles à Gohitafla et Ity, les différents responsables de la RTI ont reçu un communiqué ministériel énonçant que, "dans le souci d'assurer la protection des intérêts de l'Etat", il est leur est dorénavant demandé de soumettre à "l'avis préalable du cabinet des ministres" toute information ou déclaration portant sur ces événements, mais également toutes celles concernant les questions de défense et sécurité.
Par ailleurs, la revue de presse qui clôturait les journaux de vingt heures a été annulée. Enfin deux journalistes ont été désignés pour surveiller le contenu des programmes et renseigner le ministère sur "les éléments radio et télé susceptibles de mettre en péril les intérêts sécuritaires de la Côte d'Ivoire".