Des journalistes en danger dans les prisons azerbaïdjanaises
Organisation :
Reporters sans frontières fait part de sa profonde inquiétude pour deux journalistes arbitrairement emprisonnés depuis plusieurs mois, Avaz Zeynalli et Hilal Mammedov.
« Les journalistes incarcérés en Azerbaïdjan sont soumis à une double peine : à la privation de liberté viennent s’ajouter des mauvais traitements, des mesures vexatoires et des privations de toutes sortes. Ce faisant, Bakou bafoue le droit azerbaïdjanais et ses obligations internationales. Nous demandons à l’administration pénitentiaire de garantir immédiatement la jouissance de leurs droits les plus élémentaires à Hilal Mammedov et Avaz Zeynalli, ainsi qu’à tous les autres journalistes actuellement détenus. Avaz Zeynalli doit pouvoir bénéficier de tous les soins dont il a besoin, hors de l’enceinte de la prison si nécessaire. Toute autre démarche serait criminelle. Nous tenons les autorités pour responsables du sort des détenus », a déclaré l’organisation.
« Nous réitérons notre appel à la libération inconditionnelle de ces deux journalistes, qui n’auraient jamais dû se retrouver derrière les barreaux », a-t-elle conclu.
Bien qu’il soit traité à l’hôpital du centre de détention préventive de Bakou, l’état de santé d’Avaz Zeynalli reste très préoccupant. Le département sanitaire de l’administration pénitentiaire a informé sa famille que le journaliste souffrait de calculs rénaux, de radiculite névralgique, de rhinite chronique et de trois autres affections sérieuses. En outre, selon le rédacteur en chef de Khural, Nizami Hasanov, son collègue souffre d’un grain de beauté au dos, qui a enflé et s’est infecté.
Dans une lettre adressée au médiateur pour les droits de l’homme (ombudswoman), Elmira Suleymanova, Avaz Zeynalli s’est plaint de ne pouvoir recevoir de visites de sa famille qu’en échange de pots de vin de 50 à 100 manats (équivalent à environ autant en euros). L’administration pénitentiaire décline également les demandes de visites déposées par des représentants d’organisations internationales, dont l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Elle empêche régulièrement le journaliste de parler avec son avocat seul à seul. Avaz Zeynalli ne peut recevoir de journaux, et les employés de la prison lisent systématiquement son courrier. Reporters sans frontières se joint à la demande du journaliste, qui prie l’ombudswoman d’effectuer une visite inopinée à la prison.
L’organisation rappelle qu’Avaz Zeynalli, arrêté le 28 octobre 2011, est maintenu en détention provisoire en attente de son jugement, dans une affaire montée de toutes pièces contre lui.
Hilal Mammedov, arrêté le 21 juin 2012 pour « possession de drogues » puis inculpé pour « haute trahison » et « incitation à la haine et à la discrimination ethnique », se trouve lui aussi dans des conditions de détention déplorables. Le procès intenté par le journaliste à l’administration pénitentiaire pour « traitement inhumain » s’est tenu à huis clos, le 29 août 2012, au sous-sol du tribunal du district de Nasimi à Bakou. Les débats n’ont duré qu’une demi-heure, mais le verdict s’est fait attendre durant trois heures. Sans surprise, les juges ont finalement rejeté la plainte de Hilal Mammedov, qui affirmait notamment qu’il avait été privé de nourriture et d’eau durant ses deux premiers jours de détention.
Son prédécesseur à la tête du journal Tolishi Sado, Novruzali Mamedov, était mort en détention, en 2009, sans avoir pu bénéficier de soins adéquats.
D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, aucune évolution n’est intervenue dans les conditions de détention de Zaur Guliyev, incarcéré arbitrairement depuis le 13 mars 2012. En avril dernier, l’organisation avait appris que le rédacteur en chef de Khayal TV était victime de mauvais traitements et d’humiliations de la part de ses geôliers, et faisait l’objet de fortes pressions psychologiques s’apparentant à de la torture.
Publié le
Updated on
20.01.2016