Les journalistes qui couvrent les manifestations anti-corruption en Irak - depuis la capitale jusqu’au sud du pays - sont
victimes d’agressions physiques et d’autres formes d’intimidation, perpétrées par des responsables locaux et des individus non identifiés, dans le but de limiter la couverture des évènements, afin de décourager les manifestants.
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Il est du devoir des autorités de veiller à ce que les journalistes puissent exercer leur métier librement sans subir de harcèlement, que ce soit de la part de fonctionnaires locaux ou d’inconnus, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient & Maghreb à RSF.
Les autorités irakiennes doivent mener des enquêtes approfondies et impartiales afin de poursuivre les responsables de menaces ou d’agressions envers les journalistes et lutter contre l’impunité.”
Selon l’Observatoire des libertés journalistiques (
JFO), certains des agresseurs se disent appartenir à des milices chiites liées aux Unités de mobilisation populaire, une force paramilitaire à majorité chiite. Un porte-parole de cette entité a cependant
récusé cette affirmation, laissant planer le doute sur leur affiliation.
Les intimidations ont été dénoncées par le
syndicat des journalistes de Bassorah, ainsi que par la
Mission d'assistance des Nations unies en Irak (Manui). RSF a recensé au moins 20 cas d’exaction contre les journalistes, allant de la menace téléphonique à l’agression physique.
Le 4 octobre 2015, le média d’information en ligne
Skypress a déclaré dans un
communiqué que ses employés avaient été victimes de menaces récurrentes par téléphone et dans la rue pour leur couverture des manifestations anti-corruption.
Au cours du mois de septembre 2015,
Ziad Mohamed Hussein, journaliste sportif pour
Sharqiyya News, a reçu des
menaces de mort pour avoir préparé un rapport sur la corruption administrative dans certains établissements sportifs.
Pendant les manifestations continues à Bagdad, de nombreux journalistes envoyés couvrir les évènements se sont faits attaqués. Ainsi, les équipes des chaînes
Al-Baghdadia,
Mada et
Al-Sharqiyya ont vu leur
matériel cassé ou confisqué en août dernier par des hommes en civil, sous les yeux des forces de l’ordre restées inactives dans la plupart des cas.
Le 15 août 2015, le correspondant de la chaîne
Hona Baghdad,
Ahmed Al Abdi, s’est fait confisqué son matériel alors qu’il tentait avec son équipe de filmer les manifestations dans la ville sainte de Kerbala. Le journaliste a
déclaré que ces individus avaient violemment arraché le matériel après avoir proféré des menaces.
Les journalistes qui dénoncent les exactions à l’encontre de leurs collègues sont eux-aussi inquiétés - à l’instar de
Haidar Al Mansouri, directeur du syndicat des journalistes de Bassorah, qui a fait l’objet de plusieurs
menaces de mort depuis l’annonce, en août dernier, du soutien du syndicat aux journalistes couvrant les manifestations.
L’Irak est secouée par un mouvement de protestation populaire contre la corruption depuis le 31 juillet 2015. Malgré l’adoption, le 11 août 2015, de
réformes pour lutter contre la corruption, les manifestants exigent une réforme du système judiciaire.
L’Irak figure à la 156e place (sur 180) du
Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.