Des journalistes bélarusses interdits de sortie de territoire
Organisation :
Reporters sans frontières condamne fermement la fermeture de la frontière imposée par les autorités bélarusses à la presse. En effet, depuis quelques jours, des journalistes bélarusses indépendants ne peuvent plus quitter le territoire et se rendre dans un pays de l’Union Européenne (UE). Réciproquement, plusieurs journalistes de l’UE sont interdits d’entrée sur le sol bélarusse.
« Ces restrictions illégales contredisent la Constitution bélarusse et restreignent gravement l’activité professionnelle des journalistes visés. Les autorités doivent impérativement mettre fin à leur boycott arbitraire et permettre à nouveau aux journalistes indépendants de quitter le pays », a déclaré l’organisation.
Quatre journalistes ont déjà été victimes de ces mesures répressives. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, le 13 mars, le consulat bélarusse de Prague a refusé la délivrance d’un visa au correspondant du service bélarusse de Radio Free Europe/ Radio Liberty, Siarheï Shupa.
Le 14 mars, Andreï Dynko, rédacteur en chef du journal indépendant Nasha Niva, s’est fait arrêter par des gardes-frontières alors qu’il s’apprêtait à monter dans un train à destination de Vilnius. Les gardes-frontières l’ont interpellé sans lui donner de raison valable, en lui demandant de s’adresser directement au ministère de l’Intérieur s’il souhaitait obtenir des explications.
La présidente de l’association bélarusse des journalistes (BAJ), Janna Litvina, ainsi que Mikhas Ianchuk, collaborateur de la chaîne de télévision indépendante Belsat, ont été retenus à l’aéroport de Minsk le 15 mars 2012 alors qu’ils se rendaient à Varsovie pour voyage d’affaires. Janna Litvina a reçu un tampon sur son passeport indiquant « sortie refusée ».
Ces incidents interviennent dans un climat de tension exacerbé entre Minsk et Bruxelles, qui a décidé le 27 février 2011 d’ajouter 21 officiels à sa liste de personnalités bélarusses interdites de séjour sur le territoire de l’Union Européenne. Cette liste, établie au lendemain de la réélection controversée du président Loukachenko en décembre 2010 pour protester contre la répression massive visant les contestataires, comprend désormais 222 noms.
Dans les deux semaines suivantes, plusieurs personnalités de l’opposition et défenseurs des droits de l’homme ont été empêchés de quitter le Bélarus, dont l’ancien président de la République Stanislau Shushkevich, les défenseurs des droits de l’homme Valyantsin Stefanovich et Anatol Lyabedzka, Alyaksandr Dabravolski du Parti Civique Uni, Syarhey Kalyakon du parti « Spravedlivy Mir », Viktar Karnyayenka du Mouvement pour la Liberté et Aleh Hulak, président du Comité Helsinki pour le Belarus.
Le 1er mars 2012, un représentant du Parquet général, Pavel Radzivonau, a déclaré à la presse que les citoyens bélarusses appelant des entités étrangères et internationales à mettre en place des sanctions contre Minsk pourraient faire l’objet d’interdiction de voyager ou de poursuites criminelles.
Publié le
Updated on
20.01.2016