Des fondamentalistes s'en prennent à Twitter et à Facebook, une première au Nigeria

Un tribunal islamique du nord du Nigeria a ordonné, le 23 mars 2010, la suspension des débats sur Twitter et Facebook à l’occasion du 10e anniversaire de l’amputation d’un homme condamné pour vol en vertu de la charia. Le tribunal a également ordonné la fermeture du blog de l’association nigériane des droits de l’homme, Civil Rights Congress (CRC), à l’origine de ces débats. "Pour la première fois au Nigeria, un tribunal islamique interdit un débat en ligne sur la charia et les droits de l’homme. Cette décision pourrait paraître difficilement applicable, mais le risque d’autocensure généralisée est réel. Elle constitue un précédent inquiétant dans un pays qui n’a pour le moment pas instauré de contrôle du Net, et démontre la méfiance de certains fondamentalistes vis-à-vis du Web participatif. Nous soutenons le Civil Rights Congress dans sa volonté de contester cette décision", a déclaré Reporters sans frontières. Le juge Lawal Mohammed a prononcé "une injonction empêchant les participants (CRC) eux-mêmes ou leurs agents (...) d'ouvrir des forums de débats sur Facebook, Twitter, ou tout autre blog afin de débattre de l'amputation de Malam Buba Bello Jangebe, conformément à la décision rendue par le tribunal de la charia de Zamfara". Le tribunal islamique de Magajin Gari à Kaduna, dans le nord du pays, avait été saisi de cette affaire suite à une plainte déposée le 19 mars par les Frères musulmans du Nigeria. Les plaignants estiment que ces débats allaient avoir pour conséquence de "se moquer de la charia". Le président du CRC, Shenu Sani, a déclaré que l’association allait faire appel et rappelé qu’elle "avait lancé le débat sur son blog, sur Facebook et sur Twitter afin d’offrir aux Nigérians une plateforme sur laquelle ils puissent débattre de la charia et estimer si l’amputation d’un homme était ou non justifiée". L’amputation du poignet de Malam Buba Bello Jangebe avait suscité une vague de condamnations locales et internationales. Douze Etats du nord du Nigeria, dont l’Etat de Zamfara où cette décision a été rendue, appliquent la charia, la loi islamique.
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Updated on 20.01.2016