Des documents confidentiels démontrent l’acharnement des autorités américaines contre Wikileaks

Reporters sans frontières s’indigne de l’acharnement manifeste des autorités américaines contre WikiLeaks. Des documents confidentiels publiés par Glenn Greenwald et Ryan Gallagher témoignent de l’instrumentalisation de la NSA et du GCHQ, les agences de renseignements américaines et britanniques, contre le média en ligne et son fondateur, Julian Assange. Ces documents, fournis par le lanceur d’alerte Edward Snowden, démontrent que ces deux agences ont outrepassé leur mission au profit d’intérêts politiques bafouant la liberté d’informer. "La surveillance exercée par la NSA, la volonté des autorités américaines de voir WikiLeaks traduit en justice et la criminalisation de son responsable, Julian Assange constituent une atteinte à la liberté de l’information. WikiLeaks ne saurait être condamné pour avoir exercé son droit de collecter et de publier des informations, un droit garanti par le Premier Amendement", a déclaré Reporters sans frontières. Un premier document explique comment le GCHQ a utilisé son programme de surveillance TEMPORA pour enregistrer l’ensemble des visites à destination d’un site de WikiLeaks. Les adresses IP des visiteurs ont été interceptées et enregistrées de même que les termes de recherche utilisés pour accéder au site. Un deuxième document met en évidence les pressions exercées par les Etats-Unis sur leurs alliés afin qu’ils prennent des mesures judiciaires contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Ce document liste pays par pays, année par année, les efforts déployés par les Etats-Unis et leurs alliés pour localiser, poursuivre, capturer et tuer terroristes, trafiquants de drogue et autres ennemis d’Etat. Après la publication des “Afghan War Logs”, les Etats-Unis ont incité leurs alliés à traiter Julian Assange en criminel : “Les Etats-Unis demandent aux autres nations ayant des forces stationnées en Afghanistan, l’Australie, Le Royaume-Uni et l’Allemagne, d’envisager de porter des charges criminelles contre Julian Assange”. Julian Assange y est décrit comme le “fondateur du site internet WikiLeaks et responsable de la publication non autorisée de plus de 70 000 documents secret couvrant la guerre en Afghanistan”. Un troisième document confidentiel démontre que le gouvernement américain avait demandé à ce que WikiLeaks soit classé comme “agent étranger malveillant”, ce qui l’aurait exposé à une surveillance accrue. En septembre 2013, depuis l’ambassade d’Equateur à Londres où il est réfugié, Julian Assange avait déjà condamné l'action du gouvernement des autorités américaines dans son travail de journaliste et porté plainte devant la justice suédoise. En octobre 2010, Visa, Mastercard, Paypal et d'autres services de paiement en ligne avaient suspendu les paiements à destination de WikiLeaks, sapant les assises financières du groupe. Les membres du réseau WikiLeaks ont été confrontés à des abus de pouvoir de la part des autorités américaines. En novembre 2013, Jeremy Hammond, un informateur du groupe, avait déjà été condamné à 10 ans de prison pour infraction à la loi contre les fraudes et les abus informatiques (Computer Fraud and Abuse Act). En 2011, Jacob Appelbaum, représentant de WikiLeaks depuis juillet 2010, avait été la cible d'une collecte d'information ciblée contre ses collaborateurs. Le 4 janvier et le 15 avril 2011, le gouvernement américain avait enjoint par décret aux fournisseurs d’accès Google Inc. et Sonic.net Inc. à fournir les adresses IP et adresses électroniques de tous ses contacts depuis le 1er novembre 2009. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont classés respectivement 46e et 33e dans le classement mondial 2014 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Les Etats-Unis ont chuté de 13 places par rapport à l’édition précédente, notamment en raison d’une utilisation trop large et abusive du concept de sécurité nationale, aux dépens de la liberté de l’information.
Publié le
Updated on 20.01.2016