Des dizaines de journalistes interpellés en marge de manifestations au Bélarus

Reporters sans frontières (RSF) dénonce les violations massives de la liberté de la presse commises par la police bélarusse, qui réprime depuis le 10 mars 2017 des manifestations à travers tout le pays. Quatre journalistes et blogueurs ont été condamnés à des peines de prison entre les 13 et 14 mars.

Au moins 19 journalistes et blogueurs ont été interpellés depuis le 10 mars, alors qu’ils couvraient des manifestations dans différentes villes du Bélarus. Le 14 mars, à Brest, dans l’ouest du pays, les blogueurs Syarheï Pyatroukhine et Dzmitry Harbounou (Narodny Repartsyor) ont été condamnés à 15 jours de prison pour avoir soit-disant “pris part à une manifestation non-autorisée”. Le premier ne s’est pas présenté à l’audience et a été jugé par contumace, son collègue a immédiatement été placé en détention. La veille, Viktar Andreïeou, du site d’information local Orshatut.by à Orcha (est du pays) et Maxime Filipovitch, un blogueur de Homiel (sud-est), ont été condamnés à 13 jours de prison pour le même motif. Après avoir passé la nuit au poste, deux autres journalistes en reportage à Orcha, Halina Abakountchyk (RFE/RL) et Katsyaryna Bakhvalava (Belsat TV) ont été condamnées le 13 mars à des amendes de 575 et 690 roubles bélarusses (respectivement 283 et 340 euros).


“Les autorités bélarusses doivent immédiatement mettre un terme à ce harcèlement ciblé et coordonné, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Les journalistes sont dans leur droit lorsqu’ils couvrent des événements d’intérêt général de quelque nature que ce soit. Nous demandons à l’Union européenne de rappeler fermement que ces violations massives de la liberté de la presse sont incompatibles avec la poursuite du rapprochement entre Minsk et Bruxelles.”


Sous des prétextes divers, plusieurs journalistes ont été interpellés avant même le début des manifestations qu’ils comptaient couvrir : Syarheï Serabro, Tatsyana Matsveïeva, Ihar Matsveïeou, Adaryya Hourchtyne et Syarheï Houdziline ont été appréhendés le 12 mars à la gare d’Orcha où ils venaient d’arriver. Ils ont été retenus au commissariat assez longtemps pour manquer tout ou partie du rassemblement local, avant d’être relâchés. Syarheï Rousetski, Ouladzimir Lounyou, Yaouhen Meriks, Syarheï Kavalyou, Volha Tchaytchyts et Andreï Kozel ont eux été stoppés le même jour par la police routière, alors qu’ils allaient couvrir la manifestation à Rahatchou, dans la région de Homiel.


Des manifestations d’une ampleur inhabituelle au Bélarus se succèdent depuis fin février pour protester contre un nouvel impôt “sur le parasitisme social”, appliqué à ceux qui travaillent moins de six mois par an. Le 9 mars, le président Alexandre Loukachenko a suspendu cette taxe, tout en ordonnant au ministre de l’Intérieur de prendre des mesures “extrêmement sévères contre les instigateurs” de ce mouvement et de rétablir “un ordre parfait” dans le pays. La répression est immédiatement montée en puissance. Pas moins de 70 personnes ont été interpellées à ce jour.


Le Bélarus occupe la 157e place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse publié par RSF.

Publié le
Updated on 15.03.2017