Des détenus privés de leurs droits

Reporters sans frontières condamne une nouvelle fois la tenue de procès staliniens en Iran, pour juger les opposants à la réélection de Mahmoud Ahmadinedjad. « Les accusés sont privés de leurs droits les plus élémentaires. Non seulement ils n’ont pas de visite de leurs avocats, mais les défenseurs qu’ils choisissent ne sont pas acceptés par la Cour. Seuls les avocats commis d’office, appointés par le Procureur général de Téhéran, Said Mortazavi, peuvent avoir accès aux salles d’audiences », a déclaré l’organisation. Le journaliste en ligne, Kaveh Mozafari, arrêté le 9 juillet 2009, a adressé, le 10 août 2009, une lettre à l’ayatollah Shahroudi, afin de dénoncer les nombreuses violations de ses droits depuis son arrestation. « Après un mois de détention et un mandat d’arrêt délivré par la Première chambre du parquet de la sécurité, je ne connais toujours pas les chefs d’accusation qui pèsent à mon encontre. J’ignore sur quelles bases je suis accusé d’ “actions contre la sécurité nationale“, “trouble à l’ordre public“ et “destruction de biens publics“. J’ai reçu, comme les autres, une copie du mandat d’arrêt », écrit le journaliste. « Après un mois de détention, la fin des interrogatoires et de l’enquête, j’attends toujours. Malgré la promesse du procureur général de terminer l’examen de l’ensemble des dossiers avant le 7 août. Au cours des interrogatoires, j’avais les yeux bandés. Je n’ai pas été interrogé sur les chefs d’accusation, mais sur ma vie privée et mes croyances. Les autorités nient le recours à la torture physique à la prison d’Evine, mais les pressions et violences psychologiques sont réelles. Les droits fondamentaux des citoyens en détention sont bafoués». Par ailleurs, quatre avocats, Nassrin Soutodeh, Mohammad Mostafai, Abdolssamad Khoramshahi et Mina Jafari, ont adressé, le 11 août, une lettre ouverte à l’ayatollah Shahroudi, afin de protester contre le refus des autorités de leur laisser accéder aux salles du tribunal, le 8 août dernier. Me Nassrin Soutodeh, une des quatre signataires de cette lettre, a déclaré qu’elle avait reçu des menaces d’arrestation. Les autorités indiquent que les accusés ont déjà un avocat, celui qui leur a été commis d’office. Le 12 août 2009, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, a reçu une lettre signée par le journaliste iranien Akbar Ganji et plus de 260 intellectuels, activistes et défenseurs des droits de l’homme du monde entier, dont Jürgen Habermas, Noam Chomsky, et le secrétaire général de Reporters sans frontières, Jean-François Julliard. Cette lettre dénonce les fraudes électorales qui ont permis la réélection de Mahmoud Ahmadinedjad, et appelle les Nations unies à ne pas reconnaître ce scrutin. Les signataires demandent au Secrétaire général des Nations unies de demander la création d’une commission d’enquête internationale afin d’enquêter sur les fraudes électorales, de faire pression sur les autorités iraniennes afin d’annuler le résultat des élections, et d’organiser la tenue d’élections justes et libres. Il est également demandé à Ban Ki Moon d’exiger la libération de toutes les personnes arrêtées au cours des récentes manifestations, de faire pression sur les autorités pour qu’elles reconnaissent le principe de liberté d’expression. Enfin, Reporters sans frontières a appris la libération de deux détenus. Esmail Hagh Parast, journaliste à Farhikhtegan arrêté le 22 juin, a été relâché le 6 août 2009. Le 10 août 2009, Majid Saidi, arrêté le 11 juillet a également été libéré.
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Updated on 20.01.2016