De procès à huis clos en sit-in

Reporters sans frontières demande instamment à la justice iranienne de mettre un terme aux procès à huis clos de journalistes et réclame la libération des journalistes injustement emprisonnés. Mercredi 15 octobre, Golamhossein Elham, porte-parole du pouvoir judiciaire, a confirmé que trois journalistes, arrêtés le 14 juin 2003 - Taghi Rahmani, de Omid-é-Zangan, Reza Alijani, de Iran-é-Farda et Hoda Saber, de Iran-e-Farda - " étaient en train de purger leur peine de prison ". Mais le porte-parole a omis de préciser les motifs de l'incarcération de ces journalistes, ainsi que la date et le lieu de leur procès. Leurs avocats et leurs familles sont sans nouvelles d'eux depuis 40 jours, si ce n'est qu'ils auraient commencé une grève de la faim et qu'ils seraient toujours détenus en isolement total. " Il est inadmissible que la justice iranienne recourt presque systématiquement à des procès à huis clos. Des journalistes sont interpellés puis disparaissent dans les geôles iraniennes, sans que l'on sache si des procès se sont tenus, ni quand, ni où ni surtout pourquoi. Les familles et les avocats ne sont pas autorisés à rendre visite aux détenus. Tout ce que que nous arrivons à savoir, c'est qu'ils sont en isolement total. Il est grand temps que l'Iran respecte les règles les plus élémentaires du droit ! Pour les familles des journalistes, la seule solution pour protester contre ces violations du droit, est de tenir des sit-in ou d'entamer des grèves de la faim ", a déploré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'avocat des trois journalistes, maître Soltani, ne peut toujours pas rencontrer ses clients. Il redoute des procès à huis clos, " qui constitueraient une violation grave du droit national et international ". Les familles de ces trois journalistes ont rejoint celle du journaliste Abbas Abdi, arrêté le 4 novembre 2002, dans un sit-in commencé il y a cinq jours devant le bureau des Nations Unies à Téhéran. La déclaration du porte-parole du pouvoir judiciaire survient au moment où la société civile iranienne accroît sa mobilisation pour dénoncer les atteintes à la liberté de la presse et l'emprisonnement arbitraire de journalistes. Plus d'une centaine d'avocats, d'étudiants, de militants réformateurs ont fait une grève de la faim le 20 octobre, à Téhéran comme dans les grandes villes de province. Même Mohsen Kadivar, du mouvement clérical réformiste, a affirmé à cette occasion : " Les durs du régime ont fait de l'Iran la plus grande prison des journalistes et des militants politiques du Moyen-Orient ". Par ailleurs, Reporters sans frontières condamne la fermeture de l'hebdomadaire Avay-e kordestan (Le chant du Kurdistan), interdit par le tribunal révolutionnaire de Sanandaj (province Kurde). C'est la première fois qu'un journal en langue kurde est interdit en Iran. Aucune explication n'a été fournie par la justice.
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Updated on 20.01.2016