De graves menaces pèsent sur l'organisation partenaire de Reporters sans frontières à Mogadiscio

Reporters sans frontières exprime sa « très grande préoccupation » face aux menaces qui pèsent sur son organisation partenaire en Somalie, la National Union of Somali Journalists (NUSOJ, anciennement SOJON) depuis plusieurs semaines. Un groupe d'hommes armés, dont les intentions ne sont pas connues, s'en est pris plusieurs fois aux membres de ce syndicat de journalistes.

Reporters sans frontières exprime sa « très grande préoccupation » face aux menaces qui pèsent sur son organisation partenaire en Somalie, la National Union of Somali Journalists (NUSOJ, anciennement SOJON) depuis plusieurs semaines. Un groupe d'hommes armés, dont les intentions ne sont pas connues, s'en est pris plusieurs fois aux membres de ce syndicat de journalistes basé à Mogadiscio, avant et après son assemblée générale annuelle, du 29 au 31 août 2005. « Les conditions de travail des journalistes somaliens sont chaque jour plus insupportables, a déclaré Reporters sans frontières. Ballottés entre les chefs de guerre, les cours islamiques et les hommes d'affaires, ils ont choisi de se défendre au sein d'une organisation exemplaire, au fonctionnement démocratique. Or, aujourd'hui, celle-ci est prise pour cible. Nous appelons le gouvernement fédéral de transition et ses partenaires internationaux à user de leur influence pour que ces menaces cessent au plus vite. Cet épisode souligne l'urgence qu'il y a à rétablir l'Etat de droit à Mogadiscio, afin de protéger ces minces parcelles de démocratie que les Somaliens se sont données au milieu de l'anarchie. » Dans la semaine du 22 au 28 août 2005, des menaces de mort anonymes ont été proférées à plusieurs reprises à l'encontre de plusieurs membres de la direction de la NUSOJ. Le secrétaire général de l'organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, Omar Faruk Osman, ainsi que le président du Conseil suprême, Mohamed Barre Haji, ont reçu des appels téléphoniques anonymes, sur les lignes de la NUSOJ ou leur téléphone portable personnel, affirmant qu'ils seraient tués « immédiatement » ou « dans les 48 heures ». Pendant la dizaine de jours ayant précédé la tenue, du 29 au 31 août 2005, de l'assemblée générale annuelle de la NUSOJ à Mogadiscio, un pick-up Toyota transportant douze hommes lourdement armés est régulièrement passé devant les bureaux de l'organisation, situés dans le district Waberi. Le 1er septembre, ce groupe s'est heurté aux gardes du corps de Mohamed Barre Haji présents devant l'immeuble abritant les bureaux du NUSOJ. Aucun coup de feu n'a été tiré et le groupe inconnu, dont le pick-up était équipé d'une mitrailleuse anti-aérienne, s'est retiré. Le lendemain, quatre miliciens cagoulés et armés de fusils-mitrailleurs AK-47, circulant dans une Sedan, ont fait irruption au domicile de l'un des membres du comité exécutif de la NUSOJ, Ali Moallim Isak, qui ne se trouvait alors pas chez lui. Six heures plus tard, ils ont quitté les lieux sans explication. « Nous ne savons pas qui sont ces miliciens, ni ce qu'ils veulent, a déclaré Omar Faruk Osman à Reporters sans frontières. Ce pays n'obéit à aucune autre loi que celle du fusil. Nous avons par conséquent augmenté nos moyens de protection. Ces intimidations ne nous empêcheront pas de travailler. » Parallèlement, le 4 septembre, Mohamed Abdulle Hassan, alias « Siidi », correspondant du site d'informations somaliweyn.com, basé en Suède, a été brièvement kidnappé par la milice de Yusuf Ali, gouverneur autoproclamé de la région de Hiiraan (Centre). Celui-ci reprochait au journaliste de ne pas avoir rendu compte d'une conférence de presse qu'il avait tenue à Mogadiscio et lui a ordonné, le pistolet sur la tempe, d'exiger de son rédacteur en chef la publication d'un reportage sur le sujet, faute de quoi il serait tué. Siidi a été relâché après que la NUSOJ est intervenue auprès du gouverneur autoproclamé, qui a toutefois confisqué le matériel de reportage du journaliste.
Publié le
Updated on 20.01.2016