À l'occasion du 7e anniversaire de l'assassinat de Norbert Zongo, au Burkina Faso, et quelques jours avant le premier anniversaire de l'assassinat de Deyda Hydara, en Gambie, Reporters sans frontières lance une campagne de sensibilisation dans une soixantaine de journaux africains afin de rappeler que de trop nombreux assassins de journalistes bénéficient de l'impunité en Afrique.
Disponible en français et en anglais, cette campagne est relayée par le réseau Presse et Démocratie. Créé en 2000, ce réseau électronique africain francophone pour la liberté de la presse regroupe des observatoires des médias, des maisons de la presse et du journalisme, des associations professionnelles et des médias africains.
« Dans certains pays d'Afrique, si vous tuez un éléphant vous risquez d'aller en prison. Si vous tuez un journaliste, vous risquez de ne pas y aller », affirme la campagne, précisant que les assassins des journalistes Norbert Zongo (tué en 1998 au Burkina Faso) et Deyda Hydara (tué en 2004 en Gambie) sont toujours en liberté. Dans les deux cas, de forts soupçons pèsent sur des personnes proches du pouvoir. Mais les témoins permettant de confondre les assassins de Norbert Zongo se sont murés dans le silence, tandis que l'enquête officielle menée par la police concernant l'assassinat de Deyda Hydara, enferrée dans des hypothèses absurdes, demeure stérile.
Norbert Zongo était le directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant. Il a été retrouvé mort, carbonisé dans son véhicule, le 13 décembre 1998. Le journaliste enquêtait sur les circonstances de la mort de David Ouédraogo, chauffeur personnel de François Compaoré, frère du chef de l'Etat Blaise Compaoré. David Ouédraogo avait lui-même été torturé à mort par des membres du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP).
Codirecteur du Point, correspondant à Banjul de l'Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières, Deyda Hydara a été assassiné au volant de sa voiture dans la soirée du 16 décembre 2004. Il avait auparavant fait l'objet de menaces de la part des services de renseignements, lesquels le surveillaient physiquement, quelques minutes avant sa mort.