Déploiement d'un dispositif impressionnant pour empêcher un journaliste algérien de travailler
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L'envoyé spécial du quotidien algérien El Watan, Meddi Adlène, s'est rendu en Tunisie le 1er novembre 2006 afin de réaliser une série de reportages et d'interviewer Moncef Marzouki, le président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme. Dès son arrivée sur le sol tunisien, le journaliste a été suivi par des agents des services de renseignements et a dû se plier à des interrogatoires et des fouilles arbitraires.
"Le quatrième mandat du président Zine el-Abidine Ben Ali s'inscrit dans la continuité des précédents. En Tunisie, les journalistes sont toujours étroitement encadrés et surveillés par les autorités et ne disposent d'aucune marge de manœuvre pour informer librement. En général, les journalistes étrangers ne subissent pas de représailles physiques, mais les services de renseignements tunisiens déploient systématiquement un dispositif spectaculaire pour les intimider et les empêcher de faire leur travail", a déclaré Reporters sans frontières.
"Toutefois les risques d'agression ne sont pas nuls. Le journaliste du quotidien Libération, Christophe Boltanski, avait été agressé et poignardé, le 11 novembre 2005, à proximité de son hôtel, sous le regard passif de policiers. Et de nombreux militants locaux des droits de l'homme, avocats et leurs familles sont victimes d'un véritable harcèlement", a rappelé l'organisation.
Le journaliste algérien Meddi Adlène a été constamment suivi par un groupe de six policiers en civil dès son arrivée en Tunisie alors que des policiers se sont déployés autour de son hôtel. Ses moindres faits et gestes étaient épiés et ses déplacements surveillés par des agents en voiture et à moto. Leur but n'est pas de passer inaperçu mais au contraire d'intimider les interlocuteurs du journaliste pour qu'ils ne témoignent pas.
Meddi Adlène s'est également rendu à Sousse (140 km de Tunis) pour rencontrer Moncef Marzouki. Un agent a pris place à ses côtés dans le taxi collectif qui le ramenait dans la capitale, et a passé plusieurs appels téléphoniques durant le trajet pour confirmer que le journaliste se trouvait toujours sous sa surveillance. La voiture a été arrêtée à deux reprises et ses occupants fouillés et interrogés. "Nous sommes habitués à avoir des problèmes en Tunisie, mais là, c'est vraiment allé très loin", a déclaré Fayçal Métaoui, rédacteur en chef d'El Watan.
Au pouvoir depuis 1987, Zine el-Abidine Ben Ali est considéré par Reporters sans frontières comme l'un des 35 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.
Publié le
Updated on
20.01.2016