Déjà un mois de détention pour les journalistes Eric Topona et Moussaye Avenir de la Tchiré
Organisation :
Reporters sans frontières adresse un message de soutien et de solidarité aux journalistes Eric Topona et Moussaye Avenir de la Tchiré, ainsi qu'à l'écrivain et blogueur Jean Laokolé, tous trois détenus dans le camp d'Amsinene, à Ndjaména.
Les deux premiers ont été arrêtés par les autorités tchadiennes les 6 et 7 mai 2013 tandis que le troisième est emprisonné depuis le 22 mars dernier. L'organisation réitère sa demande en faveur de leur libération immédiate.
"Nous pensons quotidiennement à ces trois hommes à qui nous espérons pouvoir rendre visite dans les meilleurs délais. Le Tchad s'est longtemps targué de ne compter aucun journaliste emprisonné. Ce n'est désormais plus le cas. Outre le fait qu'elle est intolérable pour les personnes concernées, lesquelles croupissent en prison, cette situation a des conséquences regrettables pour l'image de ce pays", a déclaré Reporters sans frontières, qui prévoit de se rendre en mission au Tchad dans quelques jours.
"Nous ne contestons pas le fait que ces journalistes puissent être poursuivis en justice, si quelque chose devait leur être reproché, mais nous estimons que leur détention est excessive et qu'ils doivent pouvoir comparaître libres", a ajouté l'organisation.
La demande de libération d'office introduite le 28 mai par l'avocat de Moussaye Avenir de la Tchiré a été rejetée. Celle concernant Eric Topona se trouve au niveau du bureau du procureur depuis le 4 juin, mais reste à ce jour sans réponse.
Secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens (UJT) et ancien journaliste de la Radiodiffusion nationale tchadienne, Eric Topona a été inculpé pour "atteinte à l’ordre constitutionnel". Moussaye Avenir de la Tchiré, directeur de publication du journal Abba Garde et trésorier de l'UJT, est lui poursuivi pour "incitation à la haine et au soulèvement populaire". Il n'aurait pas dû être placé sous mandat de dépôt, puisque la loi tchadienne ne prévoit pas de peine privative de liberté en cas de délit de presse.
Dans une autre affaire, la condamnation prononcée le 18 septembre 2012 contre Jean-Claude Nékim, directeur de publication de Ndjaména hebdo, a été confirmée en appel le 4 juin 2013. Le journaliste avait écopé d'un an de prison avec sursis et son journal avait été suspendu pour trois mois.
Jean-Claude Nékim sera également jugé le 26 juin prochain pour "diffamation" dans une affaire qui l'oppose à la SNER (Société Nouvelle d'Etude et de Réalisation). Cette société conteste deux phrases publiées par le journaliste en septembre dernier : "Depuis des décennies, la SNER, propriété de Daoussa Déby, grand frère de…, a le quasi-monopole des marchés routiers. Aucune réalisation fiable mais la convention d'établissement de cette vieille société est reconduite avec exonération d'impôts et taxes, faisant ainsi une concurrence déloyale aux autres entreprises."
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Publié le
Updated on
20.01.2016