Depuis le début de l'année 2006, une vague d'interpellations et de menaces s'abat sur les journalistes népalais. Reporters sans frontières déplore l'attitude répressive des autorités qui cherche par tous les moyens à faire taire les médias indépendants et demande à la communauté internationale de se mobiliser pour la liberté de la presse au Népal.
Reporters sans frontières est indignée par l'attitude des forces de sécurité népalaises qui continuent de harceler la presse indépendante à Katmandou et dans les districts. Depuis le 1er janvier 2006, au moins six journalistes ont été interpellés, agressés ou menacés.
« Les forces de sécurité ne renoncent devant rien pour surveiller et faire taire les journalistes de la presse indépendante. Arrestations, menaces, censure se succèdent à un rythme infernal », a affirmé Reporters sans frontières. L'organisation demande à la communauté internationale de continuer à se mobiliser pour rappeler au gouvernement népalais la nécessité absolue de respecter la liberté de la presse.
En 2005, le Népal a représenté à lui seul la moitié des cas de censure de médias dans le monde. Au moins 425 journalistes népalais ont été arrêtés, agressés ou menacés pendant l'année.
Le 8 janvier 2006, la police a interrogé le reporter Benupraj Bhattarai, correspondant du quotidien Kantipur à Ilam (Est), pour obtenir ses sources sur une manifestation d'étudiants qui avaient entonné des chants antimonarchiques et agité des drapeaux noirs lors de la visite du roi dans ce district.
La veille, neuf soldats se faisant passer pour des militants maoïstes afin d'infiltrer un rassemblement du Parti communiste népalais-UML (opposition) à Kalimati (Centre), ont interpellé Hari Narayan Gautam, reporter du quotidien Rajdhani, qui couvrait l'événement. Il a été relâché après trois heures d'interrogatoire. Un porte-parole de l'armée a affirmé qu'il s'agissait d'un malentendu.
Le reporter Bed Prakash Timilsina et le photographe Shailendra Kharel, du quotidien Kantipur, ont été interpellés et malmenés le 5 janvier à l'hôpital de Nepalgunj (Sud-Ouest) alors qu'ils interviewaient des personnes blessées lors d'une attaque maoïste.
Le 4 janvier, des policiers en civil ont saisi les copies de l'hebdomadaire Janadabad à Sindhulimadi (Est). Dans la même ville, des journalistes ont été menacés de mort par des militaires qui tentaient de les obliger à quitter le district.
Le 2 janvier, un journaliste du Kantipur, Moti Poudel, et un cameraman de Kantipur TV, Kamal Panta, ont également été interpellés et frappés par des policiers en civil, qui les accusaient d'être des espions maoïstes. En réalité, les reporters couvraient l'arrestation de quatre personnes à la sortie d'un tribunal de Surkhet qui venait de les relaxer. Un officier a effacé les photographies de l'appareil de Kamal Panta.