Décès d’un net-citoyen en détention à la suite d’un interrogatoire

Reporters sans frontières est profondément choquée d’apprendre le décès du net-citoyen Sattar Beheshti, dont la mort remonterait au 6 novembre 2012, six jours après son arrestation et son placement en détention à Téhéran. Sa famille a eu connaissance de cette tragique nouvelle le jour même, dans un message adressé à sa mère lui demandant de venir récupérer le corps le lendemain matin. Sattar Beheshti aurait succombé aux actes de torture infligés en détention par ses interrogateurs. Reporters sans frontières exige des autorités iraniennes que toute la lumière soit faite sur les circonstances exactes de la mort du net-citoyen Sattar Beheshi et enjoint la communauté internationale à ne pas laisser ce crime impuni. “Le régime de Téhéran est un exemple criant du triomphe de l’impunité. Jusqu'à aujourd'hui, aucun responsable de la mort en détention de journalistes ou de net-citoyens n’a eu à rendre de compte à la justice. Nous demandons à ce que le rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme dans le pays, Ahmed Shaheed, soit autorisé à entrer sur le territoire de la République islamique d’Iran et qu’il puisse mener une enquête indépendante sur ce décès et sur d’autres affaires similaires”, a déclaré l’organisation. Sattar Beheshti, ouvrier de 35 ans et activiste politique, avait été arrêté, le 30 octobre 2012, à son domicile par la cyberpolice iranienne, la FTA (police de la production et des échanges de données), avant d’être transféré vers un lieu inconnu pour “action contre la sécurité nationale sur les réseaux sociaux et Facebook”. Les forces de sécurité ont confisqué son ordinateur. Connu de la police, Sattar Beheshti avait déjà été arrêté lors des émeutes étudiantes de 2002. Selon les informations recueillies par l’organisation, la famille aurait subi des pressions pour autoriser l’inhumation précipitée du corps et aurait fait l’objet de menaces afin qu’elle ne communique pas l’information aux médias. Le 10 juillet 2003, Zahra Kazemi, journaliste irano-canadienne de 54 ans, avait également succombé à des actes de torture en détention. Elle avait été arrêtée le 23 juin 2003, alors qu’elle photographiait des familles de détenus devant la prison d’Evin. Le blogueur Omidreza Mirsayafi, arrêté le 7 février 2009, est décédé le 18 mars 2009 dans des circonstances troubles. Hoda Saber, journaliste d’Iran-e-Farda, 52 ans, emprisonné en août 2010, est décédé l’année suivante d’une crise cardiaque. Selon ses codétenus du dortoir 350 de la prison d’Evin, “les autorités pénitentiaires n’ont pas fait le nécessaire pour le transférer à temps à l’hôpital et il a été maltraité par le personnel de la clinique pénitentiaire”. Le journaliste avait entamé une grève de faim, le 2 juin 2011, pour protester contre la mort tragique de sa collègue Haleh Sahabi, victime des coups d’un agent du ministère des renseignements pendant les funérailles de son père, Ezatollah Sahabi.
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Updated on 20.01.2016